Topoi 20 (2015) p. 725-732 Compte rendu
Alessia Zambon, Aux origines de l’archéologie en Grèce ; Fauvel et sa méthode,
collection L’art et l’essai / CTHS-INHA / Paris (mai 2014), 1 vol. 16,5 x 22 ; 352 p., 39 fig. n/ b, 28 pl. coul. h. t. ; 36 €. Ce livre, préfacé par A. Schnapp, qui a codirigé la thèse dont il est issu, est un événement dans le domaine en pleine expansion de l’historiographie de l’archéologie, car il enrichit considérablement la connaissance d’un des protagonistes de la redécouverte des vestiges matériels de la Grèce antique. Louis-François-Sébastien Fauvel (1753-1838) n’est certes pas un inconnu : bien qu’il n’ait pratiquement rien publié, il est reconnu comme un connaisseur éminent des antiquités de l’Attique, pour avoir résidé une trentaine d’années à Athènes : d’abord en tant qu’agent du comte de Choiseul-Gouffier (1780-1782 ; 1786-1792), puis comme «antiquaire » indépendant et impécunieux (1793-1798), enfin comme vice-consul de France (1803-1822) et, à ce titre, guide et parfois hôte des voyageurs de passage – parmi lesquels Chateaubriand, en 1806, qui se moque gentiment de lui, dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem, à propos de la localisation du sanctuaire de l’Aphrodite des Jardins : «M. Fauvel produit, en faveur de son sentiment, deux vieux myrtes et de jolis débris d’ordre ionique : cela répond à bien des objections. Voilà comme nous sommes, nous autres amateurs de l’antique, nous faisons preuve de tout » . Cependant l’A. ne s’attarde guère sur sa biographie (p. 27-50), dont les cinq articles de Ph.-E. Legrand parus en 1897 dans la Revue archéologique ont établi les grandes lignes : elle a mieux à faire. Il s’agit pour elle d’établir un bilan d’ensemble de l’activité archéologique de Fauvel, grâce à l’exploitation systématique de ses papiers, aujourd’hui très dispersés, comme le prouve la liste de leurs lieux de conservation proposée aux pages 316-317. Les fonds d’archives les plus importants, à Athènes (Bibliothèque Gennadios et Musée Bénaki) et à Paris (Archives nationales, quatre départements de la Bibliothèque nationale, Ministère des Affaires étrangères), s’avèrent en effet beaucoup plus riches que ne le laissaient penser les sondages ponctuels effectués surtout par L. Beschi (p. 319, liste de ses dix-sept contributions, parmi lesquelles ce chef-d’oeuvre, «La casa di L. S. Fauvel, primo museo ateniese » , AEph 14, [ 2001], p. 72-128) et la publication cursive d’une partie de sa correspondance par Chr. Clairmont (Fauvel : The First Archaeologist in Athens and his Philhellenic Correspondents, Zurich [ 2007]). On assiste donc ici à l’émergence tardive d’une personnalité de tout premier plan pour les débuts de l’archéologie en Grèce, à un moment où les spécialités qui vont se définir au cours du xixe siècle n’existent pas encore. Après une introduction (p. 15-26) qui rappelle le contexte français et européen où s’inscrit le parcours singulier de Fauvel et un premier chapitre (p. 27-55) qui
