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Dorothée Sœlle, La représentation (un essai de théologie après la «mort de Dieu»). Traduit de l’allemand par A. Liefooglie. Paris, Desclée, 1969

[compte-rendu]

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Dorothée Sœlle, La représentation (un essai de théologie après la «mort de

Dieu »). Traduit de l’allemand par A. Liefooglie. Paris, Desclée, 1969.

In-12, 162 p.

Journaliste et théologienne, Dorothée Sôlle était connue par ouï-dire, en France, et réputée pour son originalité. Le présent ouvrage infirmera sans doute un peu cette appréciation car il paraît constituer un effort de reprise du thème de la Rédemption dans la ligne d’une théologie philosophique assez caractéristique de la pensée allemande depuis Kant. Comme jadis chez Schleier-macher ou Rothe, comme naguère chez Ritschl, c’est un concept-clé qui ordonne tout le propos : ici, celui de Représentation.

«Nous essaierons, dans ce livre, d’épeler à nouveau un des plus anciens noms du Christ : celui de ” Représentant ” » (p. 12). Cette décision conduit l’auteur à élaborer, à partir de l’usage courant du terme, la notion de repré¬ sentation, envisagée phénoménalement, socialement et anthropologiquement (chapitre intitulé : la précompréhension). L’idée générale est que c’est parce que je suis à ma place que j’ai besoin d’être représenté : «chaque fois que l’homme n’est pas considéré comme une personne qui est dans le temps, donc comme intemporel, et en même temps autarcique ou non personnel et par conséquent remplaçable, les conditions nécessaires de la représentation font défaut » (p. 57).

Autrement dit, comme le montrera la 2e partie sur l’Ecriture et la 3® partie, plus spéculative, le Christ ne peut être représentant (de Dieu pour les hommes et des hommes devant Dieu) que lorsque l’homme est reconnu dans sa concré¬ tude, dans son in-sistance. En tant qu’il représente Dieu, une théologie post¬ théiste devient possible. Nietzsche, en effet, s’attachait moins à l'inexistence de Dieu qu’à s’interroger sur son absence à nous, qui est sa véritable mort. «Or cette inefficacité (de Dieu) est à la fois bien comprise et supprimée lorsque quelqu’un, en en prenant conscience dans l’espérance même qui oppose de la résistance à cette conscience, intervient pour Dieu » (p. 144).

Le livre abonde en micro-analyses perspicaces, en points de vue suggestifs où se manifeste, plus peut-être que dans son dessein global, une très remar¬ quable originalité.

G. Crespy.