BRAVARD J.-P., MAGNY M. dir. (2002) - Les
fleuves ont une histoire. Paléoenvironnement des rivières et des lacs français depuis 15000 ans, Éditions Errance, 34 €.
Ce volume constitue les actes de la table ronde qui a eu lieu les 21, 22 et 23 juin 2001 à Motz (Savoie), dans le cadre du programme "Environnement, Vie et Sociétés" (PEVS) du CNRS. Il réunit les résultats d'une vingtaine de travaux portant sur l'évolution des systèmes fluviatiles et lacustres français au cours des périodes tardi- et postglaciaires, passant progressivement d'un environnement naturel à un environnement anthropisé. La majorité des bassins fluviaux français est concernée, à l'exception du bassin de la Garonne, et les 2/3 de ces travaux portent sur des hydrosystèmes appartenant au bassin du Rhône. La plupart des travaux s'appuient sur l'analyse des archives sédimentaires (dépôts fluviatiles, lacustres, de versant...), témoins de la vie des hydrosystèmes au cours de la période considérée. Les méthodes utilisées sont celles de la recherche moderne : analyses sédimen- tologiques, minéralogiques, micromorphologiques, géochimiques. . . Tous les contenants sédimentaires sont explorés : pollens et palynofaciès, bois fossiles, lamellibranches, insectes et la plupart des résultats présentés s'appuient sur des données pluridisciplinaires. Les couloirs fluviatiles enregistrent les fluctuations hydrologiques et les transferts de matériaux de manière discontinue. Lieux d'évacuation et de transit, seuls les événements majeurs sont archivés : incision des talwegs lors des transitions Dryas ancien/Bôlling et Dryas
récent/Préboréal ; et au contraire phases de sédimentation lors des période de refroidissement du Dryas moyen et Dryas récent ; évolution d'un système d'écoulement en tresses à un système à chenal unique et méandres à la transition Tardiglaciaire/Holocène... Les systèmes lacustres enregistrent les fluctuations climatiques (hydrologie, végétation, érosion des sols. . .), de manière plus continue car ils constituent de bon pièges sédimentaires aux matériaux issus de leur bassin versant. Il est alors possible, à partir des fluctuations de leur niveau et de la nature et du volume des sédiments stockés, de retracer l'évolution des conditions de leur prélèvement aux versants. Paradoxalement, la période holocène présente une variété d'enregistrement difficile à synthétiser. Le signal climatique est souvent difficile à distinguer du signal anthropique, surtout présent dans la dernière moitié de la période. Il y apparaît une certaine instabilité des conditions environnementales, ponctuée par une succession d'oscillations d'ordre pluriséculaire. Des crises climatiques majeures semblent avoir eu lieu vers 4500 BP, 2700 BP et 400 BP (petit âge glaciaire) et deux crises de moindre ampleur au début de notre ère (Ier siècle ВС/1Г siècle AD) et avant l'an Mil (VP/VIIP siècle) dans le Sud de la France. L'impact croissant de l'Homme sur le milieu se fait sentir surtout à partir du deuxième Age du Fer par un accroissement des matériaux piégés dans les lacs et par un colluvionnement plus intense dans les fonds de vallée
Michel CAMPY
Centre des Sciences de la Terre Université de Bourgogne
Michel.Campy@u-bourgogne.fr
