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M'Bokolo (Elikia) et collab. : Afrique noire. Histoire et civilisations. Tome II : XIXe- XXe siècles

[compte-rendu]

Année 1994 304 pp. 367-368
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COMPTES RENDUS 367

M'BOKOLO (Elikia) et collab. : Afrique noire. Histoire et civilisations. Tome II : XIXe- XXe siècles. — Paris, Hatier-Aupelf, 1992. — 26 cm, 576 p., ill. cartes, index.

Le temps était venu de donner aux étudiants un manuel qui tienne compte des apports essentiels de la recherche africaniste depuis vingt ans. Le précédent, celui de J. Ki Zerbo, paru en 1972, envisageait l'Afrique dans toute sa profondeur historique. Plus sagement, E. M'Bokolo se limite aux XIXe et XXe siècles. L'approche est originale, à la fois chronologique et thématique, rompant avec le découpage en grandes périodes et à l'intérieur de celles-ci en grands ensembles géographiques. L'Afrique noire est toujours considérée dans sa globalité et les cas particuliers qui servent de nécessaires références ont toujours valeur d'exemples et s'organisent autour de problèmes majeurs. Ils permettent d'établir d'instructives typologies, par exemple, à propos des évolutions politiques de la région des Grands Lacs, des résistances à la colonisation européenne ou des formes d'exploitation économique.

La matière est distribuée en sept chapitres. Le premier, Guerres et États : l'Afrique au XIXe siècle, rapproche tout d'abord les expériences des royaumes ashanti, bamum et interlacustres lancés, entre tradition et modernité, sur la voie des conquêtes militaires et de l'adaptation des structures étatiques. Thierno Bah apporte ensuite sa collaboration à ce chapitre en définissant, à partir du Soudan occidental et central, de l'État zulu et de Samori, le rôle des guerres dans les processus identitaires. Enfin, est menée parallèlement T'histoire de deux États fragiles, l'Ethiopie et Madagascar, que leurs souverains tentent de reconstruire et moderniser face aux convoitises étrangères. Mutations, expansions : économies et sociétés au XIXe siècle est un chapitre centré sur le passage de la traite négrière au commerce licite au travers de crises d'ajustement relativement courtes en Afrique de l'Ouest grâce à la « révolution oléagineuse », longues et douloureuses dans la zone gabonaise et l'espace lusoafricain. Dans L'avancée des frontières, M'Bokolo applique avec bonheur au commerce transsaharien, au rêve impérial de l'Egypte, à l'économie expansionniste de Zanzibar et aux turbulences de l'Afrique australe où se mêlent Bantu, Boers et Britanniques le concept cher à l'historiographie américaine de la « frontière » porteuse de dynamiques sociales, politiques et culturelles.

Trois autres chapitres, dont les deux derniers sont dus à Sophie Le Gallenec, nous conduisent autour de quelques thèmes majeurs de la fin du XIXe siècle aux indépendances : Les conquêtes européennes et les résistances africaines, ca 1880-ca 1910. Age d'or ou crépuscule de la colonisation, 1910-1940 et Les voies de l'émancipation. Le dernier chapitre, Économies et sociétés européennes dont Jean Copans est le maître-d'œuvre, se veut pluridisciplinaire avec la collaboration de Lelo Nzuzi pour l'étude du problème urbain, de Locha Mateso et d'Elikia M'Bokolo pour l'illustration au travers des cultures « lettrées » et « populaires », ainsi que des sociabilités urbaines de la permanence des dynamiques culturelles. Il constitue une contribution à l'intelligence de l'Afrique actuelle.

De précieux « repères chronologiques » prouvent que les auteurs n'ont pas négligé les événements. Des tableaux, statistiques ou autres, des textes judicieusement choisis aident à la compréhension du récit, ainsi qu'une quarantaine de cartes souvent originales mais parfois d'un trop petit format pour être lisibles, par exemple celle de la page 377 consacrée aux chemins de fer et sur laquelle le Dakar-Saint-Louis a été oublié.

Chaque chapitre est doté de conseils de lecture et l'ouvrage d'une bibliographie générale qui, malgré quelques lacunes regrettables, sont autant d'invitations pour le lecteur à enrichir son information. Enfin, un index de près de vingt-cinq pages sera particulièrement apprécié.

Cette intelligente synthèse a le mérite d'évoquer d'une manière claire et concise les débats lancés par les historiens il y a une vingtaine d'années et les résultats auxquels ils ont abouti. On retiendra, parmi d'autres, les controverses ouvertes par B. Davidson sur une Afrique secouée par la crise avant le choc colonial, par Boahen sur le déclin général du commerce transsaharien et de Robinson et Gallagher sur les origines et la nature du scramble. Par ailleurs, les auteurs, réagissant avec raison contre une opinion trop souvent reçue, insistent sur la capacité de l'Afrique noire à réagir face à des situations nouvelles et sur les dynamismes qui l'animent, plus ou moins puissants suivant le temps et les lieux. Ainsi apparaissent en pleine lumière les mutations profondes, les évolutions significatives ou les continuités inattendues d'un continent qui se nomme diversité.

Rev. franc, d'hist. d'outre-mer, t. LXXXI (1994), n° 304.

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