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Un plaidoyer pour les veufs

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LÉGISLATION ET ADMINISTRATION

Un plaidoyer pour les veufs.

Que Jait-on .de l’argent retenu aux. institutrices ?

La question des veufs. — Placement à fonds perdus. — Deux poids et deux mesures.

J,a réciproque doit être vraie.

Un instituteur -retraité dans des conditions nor¬ males -vient à mourir. Le tiers de sa pension de retraite passe à sa veuve. Supposezd’mverseiune institutrice retraitée vient ’à mourir, l’Etat -s’ap¬ proprie 'tous les versements qu’elle a faits pen¬ dant trente ans. Est-ce juste, et puisque, hélas ! ■justice et'légàlilé me sont pas toujours .synonymes, est-ce tout au moinsdégal ? - ;

Dans une lèttreadressée à notre aimable confrère et -ami -Seignette, une institutrice .s’élève en ces termes contre cette anomalie :

«(Quand une ‘institutrice meurt à cinquante ou cinquante-cinq ans, qu’est le mari qui lui survit sinon un vieillard i impotent et presque .toujours pauvre, car un homme riche n’épouse pas une institutrice' et nos. traitements ne mous permettent pas de nous enrichir. Et alors, voyez comme les .derniers momentsde cette.pauvre femme sont cruels quand elle se dit que l’homme qui a partagé son 'existence plus quemnodeste va peut-être. connaître la misère. »

Oh ! je sais (bien que cette question ouvre le • champ.à d’agréables plaisanteries. Le sexe faible' ■ devenu soudain l’appui du -sexe fort, la femme •couvrant.de son égide la fragilité de l’homme, -c’est un groupe, original pour nos modernes .sta¬ tuaires. «La femme, dit un proverbe, est comme ;la vigne ; elle s’appuie et elle -enivre. » Avec la -femme fonctionnaire, il va falloir renverser la -proposition. Ce.-n’est plus. la vigne qui s’appuie. à l’ormeau, c’est l’ormeau qui demande .aide et pro-tection à la vigne. Ces facéties peuvent amuser la galerie, mais elles ne changent. rien-au fond. des -choses .et, avant. comme après, la question reste •posée. . .

Sur quoi s’appuie-t-on i pour contester la réver¬ sibilité de la pension de retraite d’une institutrice ■mariée ?. Nous objectera-t-on la lettre de là loi ?

C’est, en�effet, l'article, 13 de. la loi du 9 juin-1853 qui établit en ces termes cette réversibilité au pro¬ fit de tous les fonctionnaires. f

.«A droit .à .pension :1a .veuve .du fonctionnaire : qui a obtenu une pension 'de retraite en vertu de

la présente loi ou qui a accompli la duré ? d'� ser¬ vice exigée par l’article 5, pourvu que le mariage ait été contracté six ans avant la cessation des fonctions du mari.

«La pension de la veuve est du tiers de celle que le mari aurait obtenue ou à laquelle il aurait eu droit. Elle ne peut être inférieure à lOOfrancs, sans toutefois excéder celle que le mari. aurait ob¬ tenue ou pu obtenir. Le droit à pension n’existe pas pour la veuve dans le cas de séparation de corps prononcée sur la demande du' mari. »

Très explicite sur le droit des veuves, :la' loi est muette sur les droits similaires fies veufs. Pau¬ vres de nous qui en sommes réduits sur.ee chapi-i tre à réclamer la réciprocité pour le. sexe masculin !

."Mais si l’on n’à pas d’autre argument 'à mous opposer, je me demande Alors pourquoi Ton con¬ sent à accorder aux femmes des pensions de re¬ traite.

La loi de 1853, .en effet, ne parle que des'iiommes, et pour, une raison bien simple. Un ne connaissait guère, il y a un demi-siècle, les femmes-fonction naires. On ne supposait pas qu’un jour viendrait où elles envahiraient non seulement les écoles et les lycées, mais nombre d’administrations pu¬ bliques, les postes, les télégraphes, les téléphones, et qu’on en trouverait un jour à tous' les guichets et dans tous les bureaux.

C’est donc par assimilation qu’on applique aux femmes les règles de la grande loi organique qui nous régit encore aujourd’hui. Mais alors, il faut que cette assimilation soit poursuivie jusqu’au bout. Il est souverainement arbitraire et injuste d’assimiler les femmes aux. hommes-quand il s’agit de prélever des retenues sur leurs appointements, et de leur refuser l’assimilation quand vient le moment de leur assurer la compensation de’ leurs sacrifices. Si' l’Etat trouve la loi excellente quand il est question de recevoir, il ri’a pas le droit de la trouver mauvaise quand il lui faut, payer.

Il fut peut-être un temps où les rois épousaient des bergères, mais ; comme le dit la correspon¬ dante dè M. Seignette, les institutrices épousent rarement des . milliardaires, et il n’est malheureu¬ sement pas impossihle -qu’elles laissent en mou¬ vant un homme chargé d’années, Incapable de gagner sa vie. et ayant peut-être encore, par sur¬ croît, des enfants à élever ou à établir.

Au surplus,. la loi du .17 août 1876, cite nom--mément,. parmi .les bénéficiaires de.ladoi .de .1833, les directrices et maîtresses des -.écoles normales

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