Couverture fascicule

Liane Mozère - Travail au noir, informalité : liberté ou sujétion ? (1999). Paris. L’Harmattan

[compte-rendu]

Année 2000 29 pp. 157-158
Fait partie d'un numéro thématique : Variations sur le corps
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Notes de lecture

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Liane Mozère -Travail au noir, informalité : liberté ou sujé¬ tion ?

(1999). Paris. L’Harmattan, 148 pages.

Comme l’indique le sous-ti¬ tre, l’ouvrage est avant tout : «Une lecture de travaux relatifs à l’économie informelle ». À ce titre, Pauteure poursuit deux ob¬ jectifs : elle donne des éléments de démystification opposés aux illusions concernant la créativité atteinte grâce à un contexte d’informalité ; elle s’efforce aussi de lire les situations pratiques dans leurs contradictions spécifi¬ ques, dans leur particularité.

Dans une première partie, Liane Mozère décrit dans leurs duplicités trois grandes références, «sources » auxquelles s’est nourri ce débat. Mai 68, parmi ses possibles lectures, a été sou¬ vent ainsi qu’elle le souligne, présenté comme la volonté de s’émanciper de toute une série d’entraves : les individus souhai¬ tant exercer pleinement leur «droit à la parole » et définir les objectifs et les rapports qui leur «convenaient ». Dans le même sens, elle résume la critique de l’État-providence au nom d’une autonomie individuelle restée in¬ définie et montre comment, en ce qui concerne les pays en voie de développement, les travaux de Bruno Lautier, notamment, bri¬ sent bien des illusions.

À ces représentations gom¬ mant les situations effectives, elle oppose une belle lucidité : «Au-delà des flonflons des fêtes com¬ munautaires se dessine la

contrainte, qui est peut-être le véritable moteur de l’informa¬ lité » (p. 66) : aucune des garan¬ ties sociales qui s’appliquent dans les sociétés ne peut leur être appliquée... Cette forme d’assu¬ jettissement à tout un ensemble de dépendances (communautaires et familiales, mais aussi claniques et mafieuses) conduit à la péren¬ nisation des systèmes d’ex¬ ploitation qui la créent à l’échelle mondiale. On est loin, on le voit, des rêves des années soixante-dix où «l’informalité, associée à l’autonomie de la société, devait révolutionner les modes de vie et les rapports au travail » (p. 130).

L’auteure s’attache à mettre en lumière, au travers de quelques exemples, les aspects contrastés de multiples situations. Elle criti¬ que notamment la thèse de Serge Latouche (1993) 2 qui voit, à par¬ tir de nombreux exemples de pays d’Afrique, l’émergence «de nouvelles formes sociales en rupture avec l ’utilitarisme carac¬ téristique de nos sociétés » ; examinant de plus près ces «liens supposés pouvoir résis¬ ter », elle n’y trouve que les «marques d’un assujettissement durable ». Pourquoi parler de progrès dans «l’individuation », s’il s’agit tout simplement de «réseaux communautaires et fa¬ miliaux » ?

Ces mêmes questions se re¬ trouvent, en Europe notamment,

Voir Serge Latouche (1993). La planète des naufragés. Essai sur V après-développement. Paris. La Découverte.

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