Couverture collection

Dr René Jeannel. — Mission scientifique de l’Omo. — Un cimetière d’Éléphants. Paris, Société des Amis du Muséum, 57, rue Cuvier (Ve)

[compte-rendu]

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PARMI LES LIVRES

Dr René Jeannel. — Mission scientifi¬ que de l’Omo. — Un cimetière d’E-léphants, 1 vol., 155 p., XLVIII pl. et 1 carte hors texte. Paris, Société des Amis du Muséum, 57, rue Cuvier (Ve).

Les lecteurs de la Terre et la Vie ont pu suivre dans les Nouvelles et Informations de cette revue, au cours de l’année 1933, les étapes de la mission R. Jeannel, C. Arambourg, P. A. Cbappuis, mission qui en raison de son objectif initial, qui est resté son but essentiel, s’intitula mission de l'Omo. L’expédition avait, en effet, été préparée par C. Arambourg pour retrouver en Ethiopie méridionale, dans la région de la rivière Omo, les gisements fossiles de grands Vertébrés signalés par le D' E. Brumpt, membre de la mission R. du Bourg de Bozas, en li>03.

Le livre du professeur R. Jeannel, dont il s’agit ici, constitue le récit détaillé de l'expé¬ dition, Le lecteur en suit toutes les péripéties, les jours, les nuits, les ennuis et les succès, avec un intérêt qui ne saurait fléchir, topo-raphiquement guidé par d’excellentes cartes, travers des régions où il n’est pas accoutumé à être conduit.

Dès les premiers chapitres, qui nous mènent de Mombassa à Kitale, par Nairobi et le «Kikuyu escarpment », nous faisons connais¬ sance d’une manière fort pittoresque, avec le personnel indigène de la caravane et les moyens de transport mécan’que : deux camions Bed¬ ford et un «box-body » Chevrolet. De Kitale, MM. Jeannel et Chappuis vont explorer l’El-gon, cependant qu Arambourg part en recon¬ naissance dans le nord du lac Rodolphe, afin de prendre contact avec les autorités éthiopiennes et les turbulents et incertains Marillés.

Avec l’ascension de l’Elgon, le lecteur assiste à de belles découvertes entomologiques. Près du camp III, à 3.500 mètres, dans le fond d’un ravin, MM. Jeannel et Chappuis, ont la joie de recueillir sous les pierres et dans la terre, une foule d’espèces nouvelles souterraines et aveugles ; des espèces d-'fférentes, du même genre, se retrouveront au camp IV (3.900 m.) et l’Elgon apparaît, du point de vue biogéo-

Sraphique, comme une île paléarctique isolée ans un océan de faune tropicale.

De l’Elgon, en route pour le Turkana. A Kapenguria, nous faisons connaissance avec les chefs Suks qui arborent de singulières coif¬ fures, chaque individu portant, dans sa propre chevelure, celle de ses ancêtres ; puis c’est un dur trajet, à travers dunes et collines pier¬ reuses parsemées de termitières, jusqu’au poste britannique de Lokitang. à 900 m. d’altitude sur la crête des monts Lubur.

A Todonyang, petit fort crénelé, isolé sur

une dalle rocheuse, battue par les flots du lac Rodolphe, apparaît le balaubaras Tibabou, qui administre — si l’on veut — toute la basse vallée de l’Omo, à l’ouest du fleuve. A Nano-ropus, la mission touche au but ; mais les ex¬ plorateurs doivent parlementer pendant plus d’une semaine avec Tibabou. Nous approchons, sur les bords du delta de l'Omo, les Marillés, et

firenons conctact avec la faune des rives du ac Rodolphe et du lac lui-même. L’autorisation de pénétrer en Abyssinie avec les automobiles arrive enfin 1 La mission campe à Bourillé. C. Arambourg est aux prises avec le gisement, but du voyage : ossements d ’Eléphants, de Dino¬ thérium, d'Hipparion, couvrent le sol.

En vue de ravitailler l’explorateur, en caisses pour ses volumineux échantillons et en pneus pour sa voiture, R. Jeannel et P. A. Chappuis repartent à Kitale. Le ravitaillement de leur camarade étant assuré, ils vont explorer les forêts du Marakwet et faire l’ascension du Cherangani ; un peu plus tard, dans la forêt du Suam, sur le versant nord-est de l'Elgon, ils découvriront un Anomalure, Ecureuil volant. Après de nouvelles vicissitudes et être repartis au secours d’Arambourg, en difficultés méca¬ niques, les zoologistes font encore l’ascension du Kinangop (4.000 m.). C’est, du reste bien¬ tôt la fin du voyage. La mission se retrouve au complet à Naivasha et s’embarque le 25 avril 1933 à Mombasa.

Il est difficile de donner une idée de l’ou¬ vrage du Dr R. Jeannel, dans un compte-rendu aussi succinct, car, en dehors des grandes lignes du voyage et de ses aventures, il abonde en observations, en détails biologiques, zoologi¬ ques, en descriptions de paysages géologiques ou botaniques.

La «relation de voyage » constitue un genrt qui implique une grande diversité et réserve à celui qui s’y livre un certain nombre d’écueils. S'il s’agit d’un voyage scientifique, le spécialiste risque d'oublier les impressions que laisse le pays, le côté pittoresque et aventureux de l’expédition. Il est difficile de trouver un récit plus alerte, mieux dosé et plus instructif à tous points de vue, que celui que le Dr R. Jeannel nous a donné de la mission de l’Omo. Les photographies qui accompagnent l’ouvrage (paysages, peuplements végétaux, types ethni¬ ques, chasses, faits divers) en complètent par¬ faitement l’intérêt. Ainsi, il s’adresse à un

Imblic très divers ; naturalistes et curieux de a nature, tous ceux qui ont voyagé ou qui rêvent de grands voyages y trouveront leur compte. Je le recommande tout spécialement aux jeunes ; il y a là pour eux un bel exemple d’énergie, de sérénité et d’optimisme en pré¬ sence des difficultés de tous ordres qui gravi¬ tent autour des expéditions de cette sorte.

G. Petit.

Le Gérant : G. PETIT.

P. ANDRÉ. Imp. Paris.