INTRODUCTION

On a réuni ici un certain nombre d'articles publiés par des linguistes britanniques au cours des années soixante 1. On ne s'est pas proposé d'offrir un panorama complet de ce qu'a été la linguistique en Grande-Bretagne durant la dernière décennie. Un tel ouvrage eût de toute façon dépassé le cadre plus modeste du présent numéro. Entre autres, aucun article ne traite de phonologie ou de phonétique, ce secteur demandant à lui seul une étude séparée 2. La sémantique ne se voit pas non plus abordée directement bien qu'on puisse deviner en deçà des exposés choisis quelles décisions et quelles procédures seraient sans doute appliquées aux phénomènes de sens. On a préféré inclure six articles de portée générale ou plus strictement syntaxique, traduisant les diverses tendances qui ont récemment marqué la linguistique britannique. Ce faisant, on a négligé un grand nombre de recherches qui n'en ont pas moins eu une importance considérable. (On pourrait, pour ne donner qu'un seul exemple, citer les travaux de Randolph Quirk et de ses collaborateurs à l'Université de Londres.) Aussi pour remédier à cet arbitraire inévitable, le lecteur devra se reporter à la bibliographie qui clôt l'ouvrage.

Le choix des années soixante peut aussi paraître artificiel. Il faut tout de même noter qu'en 1960 disparaît J. R. Firth qui a tenu la chaire de Linguistique Générale à l'Université de Londres de 1944 à 1956, année de sa retraite, et que selon R. H. Robins, son successeur, cette disparition marque « la fin d'une époque dans l'étude de la linguistique en Grande- Bretagne 3 ». Ce n'est donc pas un hasard si Firth, sans doute le linguiste britannique le plus influent de l'après-guerre, constitue une sorte de fil unificateur de ces essais. Pour cette raison, il semble utile de rappeler, sans entrer dans les détails, ce qui caractérise l'approche linguistique de Firth et de voir les secteurs sur lesquels il s'est penché.

Si l'on devait trouver un qualificatif pour désigner l'angle d'approche de Firth, on choisirait probablement le terme de polysystémique 4. Mais