notes de lecture 845
II. – LITTÉRATURE / PHILOLOGIE GRECQUE ET LATINE
Euphorion et les mythes : images et fragments.
Actes du colloque international (Lyon, 19‑20
janvier 2012). -Édités par Chr. Cusset, É. P Prioux et H. R Richer. -Naples : Centre Jean Bérard, 2013. -340 p. : bibliogr., index, ill.-(Études, ISSN : 1124.5204 ; 9). -
ISBN : 978.2.918887.16.4. Dans la série des Études du Centre Jean Bérard, ce volume regroupe les actes du colloque international qui s’est tenu à Lyon les
19 et 20 janvier 2012, à l’occasion de l’édition
aux Belles Lettres des fragments du poète Euphorion de Chalcis par Christophe Cusset et
Benjamin Acosta-Hugues. Dans l’introduction 1,
Chr. Cusset, É. Prioux et H. Richer précisent les
enjeux de l’entreprise, justifient l’organisation du
recueil et présentent chacune des contributions.
D’emblée est affirmée l’originalité d’Euphorion
dans la tradition littéraire. Né en Eubée, le poète a reçu sa formation à Athènes et a tissé des liens avec l’Asie des Séleucides. Si l’on en croit les maigres informations biographiques données par la Souda, il a été protégé par Antiochos III qui l’a nommé préposé à une bibliothèque publique, sans doute celle d’Antioche. C’est par la médiation de Rome que ses poèmes, réputés dès l’Antiquité pour leur obscurité et leur caractère énigmatique, nous sont parvenus sous forme d’extraits. La première partie intitulée : «Euphorion et les mythes » traite des liens que le poète a entretenus par sa géographie mythique avec la Grèce (Attique, Eubée, Béotie et Corinthie) et avec l’Asie Mineure et le Proche-Orient. En ouverture de la première partie, Stéphanie Wyler 2 centre son étude sur la présence de
1. p. 5-12. 2. «Dionysos chez Euphorion » . Dionysos dans trois fragments d’Euphorion qu’elle rapproche de la tradition dite orphique. Caractérisée par «un exotisme modéré » , la
figure du dieu n’est pas contaminée par les
grands mythes dionysiaques hellénistiques. Elle
reflète plutôt son intégration à la vie religieuse
athénienne, tout en traduisant l’intérêt du poète pour le Dionysos de Delphes. Françoise‑Hélène Massa‑Pairault 3 apprécie l’originalité d’Euphorion dans le traitement du mythe d’Orion, chasseur et astre du ciel. Au regard d’autres poètes : Callimaque, Aratos, Nicandre de Colophon, et de la postérité latine, «la vision eubéenne » que développe Euphorion, a sans doute pris une forme érudite lors de son
séjour à la cour de Chalcis auprès d’Alexandre
et de Nikaia. Les contributions proposées par Évelyne Prioux 4 et par Claude Pouzadoux 5 sont complémentaires. Évelyne Prioux dresse la typologie et établit le tableau récapitulatif des
figures de devins et des signes du destin, présents
dans l’oeuvre du poète (tableau, p. 85-87), puis elle s’intéresse à quelques études de cas. Après Anios, protégé de Dionysos et d’Apollon, après le mythe de Béotos, lié aux origines du peuple béotien, elle présente l’oeuvre des Chiliades
liée aux oracles millénaires. Elle termine par le thème du rêve prémonitoire qu’Euphorion aurait remis à l’honneur, pour servir la grandeur dynastique des Séleucides. En conclusion, elle développe comment le poète assigne aux devins la mission de transformer le poème en étiologie,
tout en soulignant son intérêt pour des figures
locales de devins liées à l’Eubée et à la Béotie.
3. «Orion » , p. 41‑61. 4. «Figures de devins et signes du destin » , p. 63‑90. 5. «Figures de devins et signes du destin dans la céramique apulienne » , p. 91-109.