MICHEL ROBLIN 293

HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET DE L HABITAT EN FRANCE AUX ÉPOQUES ANCIENNES (*)

Le tracé des voies antiques dans le Nord de l'Ile-de-France a été précisé en nous permettant d'établir certains caractères constants et fondamentaux. Il semble inutile d'attacher une trop grande importance aux documents archéologiques, rares ou totalement absents, comme les milliaires ou les dalles, seule la rectitude de la direction est un élément permanent, à condition cependant de ne pas oublier que cette rectitude a été également le souci des ingénieurs royaux, au moins à partir du XVIe siècle. Plus encore que son caractère rectiligne, le fait d'être établie sur un remblai distingue la voie antique des chemins anhisto- riques, souvent d'origine préhistorique, mais parfois aussi de création médiévale ou moderne, et issus du piétinement séculaire des bêtes et des gens. Le nom de ce remblai en latin classique, agger, exprime parfaitement son origine, il s'agit bien en effet de terres rapportées, amassées, amoncelées. C'est la raison pour laquelle le terme était commun aux agriculteurs et aux ingénieurs des ponts et chaussées. Pour le paysan du Latium, agger désignait essentiellement la terre amassée au pied des jeunes arbres et des jeunes plants de vigne pour faciliter le développement des racines, ce remblai protégeait donc le pied du végétal, comme la chausse, la chaussure ou la chaussette protégeait le pied humain. Dans le lexique des ponts et chaussées de l'Antiquité classique, agger est fréquemment synonyme de via, de ce que les voies étaient plus souvent établies en remblais qu'en cavées Dans la basse latinité et au cours du Moyen Age, agger est peu à peu remplacé par caececata, chaussée, dérivé de calx, talon, pied, par l'intermédiaire de calceus, chausse, soulier, de calceare, chausser, protéger le pied, et ce synonyme se retrouve aussi bien dans le langage des ruraux que dans le vocabulaire des transports et des communications. La culture de la pomme de terre, depuis