Couverture fascicule

Une moisson en hiver : panorama des écritures théâtrales contemporaines de Biélorussie, sous la direction de Larissa, traduit du biélorussien et du russe par Larissa Guillemet, Virginie Symaniec

[compte-rendu]

Année 2011 82-3 pp. 575-576
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 575

COMPTES RENDUS 575

Une moisson en hiver : panorama des écritures théâtrales contemporaines de Biélorussie, sous la direction de Larissa GUILLEMET, Virginie SYMANIEC, traduit du biélorussien et du russe par Larissa GUILLEMET, Virginie SYMANIEC, Paris, Non Lieu – l’Espace d’un instant, DL 2011, 450 p., couv. ill. en coul.

ISBN 978-2-35270-115-6 (Non Lieu), 978-2-915037-70-8 (l’Espace d’un instant) (br.)

L’oxymore du titre est révélateur d’un contenu qui fait du paradoxe la règle. Les neuf oeuvres dramatiques présentées dans ce recueil témoignent d’une pathétique recherche d’identité. Proche et lointaine Biélorussie, située géographiquement et linguistiquement entre la Russie et la Pologne, attachées l’une et l’autre à la réduire à néant. Le biélorussien est-il réduit à n’être qu’une sorte de patois ? Peut-il accéder au statut de langue de culture ? Sur les neuf pièces proposées à notre attention, il est significatif que seules deux d’entre elles soient écrites en biélorussien. Le choix majoritaire de la langue russe témoigne de l’aspiration actuelle à sortir d’une tentation de repli pour entrer, via la Russie, sur la route royale de la culture occidentale. Les auteurs sont des hommes (aucune femme), formés dans le sillage de la Perestroïka, ils ont en moyenne 40 ans, ce sont souvent des dramaturges professionnels, parfois des metteurs en scène de théâtre. Plusieurs d’entre eux ont effectué des stages en Russie. N’est-il pas significatif que la Biélorussie regarde du côté de Moscou, au moment où Moscou regarde du côté de Londres, de New York ou de Paris. De ce fait on constate un certain décalage esthétique. On reste encore fortement ancré dans la poétique de l’absurde, au moment où d’autres voies s’ouvrent pour le théâtre. Dans ces pièces biélorussiennes on assiste au rejet du théâtre d’émotion qui régnait à l’époque soviétique, au profit d’une traduction allégorique du désarroi du monde actuel. La nature humaine est présentée dans ses contradictions et dans sa violence : on trouve dans ce recueil un tableau remarquable de cette obsession du désastre. Toutes ces pièces manifestent une volonté polémique exacerbée. Il s’agit de soties, d’allégories qui dépeignent la violence des hommes, réduisent l’amour aux relations sexuelles, et conduisent leurs protagonistes dans des hôpitaux psychiatriques. La Biélorussie devient par son théâtre le champ de bataille d’un cataclysme universel que seul rachète le sourire narquois de dramaturges qui manient l’humour et aiment jouer avec les mots. Dans cinq de ces pièces, la violence des êtres entre eux sert de ligne conductrice : Homo ludens, Pluie en décembre, En souvenir d’elle, les Femmes de Bergman et les Vrais. Violence physique : séquestration et torture d’un courtier en produits financiers, blessure au combat d’un soldat russe, instinct mortifère du roi qui fait exécuter un à un ses ministres, sans compter la violence morale, les séquelles de l’oppression communiste, le nihilisme de jeunes gens qui se révoltent en réduisant leurs parents à l’état de primates, le sadisme d’une infirmière vis-à-vis de sa patiente. La folie rode autour de ces personnages qui semblent dépourvus d’âme. La deuxième orientation est celle de l’absurde. Cela se traduit par une confrontation avec l’inanité de l’action. La pièce Un coup de barre sur le pied…

met en scène des gymnastes qui s’entraînent avec des objets fictifs. Ils jouent avec

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw