Loihar HONNIGHAUSEN. — William Faulkner. The Art of Styli- zation in his Early Graphie and Literary Work. Cambridge Press, 1987, 215 p. — £ 27,50.

Auteur d'une savante et monumentale enquête sur le mouvement (1971), expert en Décadence et Symbolisme, fin connaisseur de l'Art Nouveau, Lothar Honnighausen était mieux armé que quiconque pour entreprendre une étude approfondie sur les débuts de Faulkner. L'empreinte de l'esthétisme fin-de-siècle dans ses premiers poèmes n'était certes plus à démontrer, ni l'influence de Beardsley dans les élégantes vignettes dont il illustra The Marionettes et Mayday. Mais il fallait une érudition vaste et sûre pour remonter toutes les sources. Cette érudition, Honnighausen la possède et elle sert admirablement son propos. Aussi attentive au dessinateur et au calligraphie qu'au poète, son étude dresse un inventaire méthodique des modèles suivis et elle est la première à nous faire prendre pleinement conscience de l'extraordinaire densité du contexte culturel dont procèdent les productions littéraire et artistique du jeune Faulkner.

Honnighausen va cependant bien au-delà du recensement ; il ne cesse de s'interroger sur les liens noués entre l'écriture poétique et la graphique et sur l'impérieux souci de stylisation qui les unit. L'Art Nouveau aspirait au Gesamtkunstwerk, à l'œuvre d'art qui aboMrait les frontières entre les arts. Cette aspiration se retrouve sur un mode mineur dans les petits livres-bibelots que Faulkner, entre 1919 et 1926, conçut, calligraphia, illustra et relia de ses propres mains. Mais, comme Honnighausen le rappelle à la fin de son ouvrage, l'aspiration à la totalité et la volonté de stylisation resurgissent également dans les complexes architectures et la prose polyphonique de ses grands romans.

Pour qui s'intéresse aux débuts de Faulkner, cette étude intePigente, fine et méticuleuse, rehaussée d'une documentation iconographique et toujours pertinente, sera désormais un ouvrage de référence indispensable.

Université de Strasbourg II. André Bleikasten.