Couverture fascicule

Albert Henry, Métonymie et métaphore, Bruxelles, Académies, 1984

[compte-rendu]

Année 1985 25 p. 48
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 48

Albert Henry, Métonymie et métaphore, Bruxelles, Palais des Académies, Mémoires de la classe des Lettres, coll. in-8° - 2e série, T. LXVI -

Fasc. 2 -1984; 245 p.

La première version de ce livre, parue en 1971 chez Klincksieck, était épuisée de longue date. La décision de le réimprimer, prise par l'Académie Royale de Belgique en octobre 1983, a permis à son auteur de revoir son texte en fonction des appréciations reçues, des études nouvellement parues, et de ses propres recherches. La typographie est plus soignée et une jaquette illustrée d'un tableau de Magritte protège la couverture en offrant d'emblée un exemple de métaphore picturale, à connotation écologique, commenté p. 27.

Comparant les deux textes, j'ai relevé les nouveautés suivantes (pagination de 1984) :

pp. 7-10. Présentation de l'ouvrage le plus important paru en la matière dans la décennie écoulée, la Rhétorique générale du "groupe p." (Larousse 1970), suivie de Rhétorique de la poésie (Bruxelles, Complexe, 1977). En note (10), l'auteur conteste le

reproche qui lui est fait par p de confondre la synecdoque et la métonymie (d'où la dualité du titre effaçant la synecdoque). Lui-même porte un jugement d'ensemble sur la doctrine de p.

pp. 12-13. Inventaire et commentaire des principales appréciations suscitées par la première édition du livre. Devant leurs contradictions, le lecteur est invité à "ne compter que sur lui- même".

p. 20. Addition de 12 lignes prévenant une méprise à laquelle prête la théorie d'Esnault.

pp. 27-41. Reformulation de la théorie adoptée en 1971, dans des termes voulus moins ambigus. Une note p. 28 situe l'analyse sémique de l'auteur par rapport aux modèles de la sémantique moderne (Pottier, Greimas, Coseriu, Baldinger, Heger, Prieto . . .) L'auteur donne une définition approfondie de la synecdoque et de la métonymie, qui les range dans une classe commune (figures de focalisation).

pp. 47-55. Le commentaire des exemples d'épithètes métonymiques est modifié en fonction de la théorie renouvelée, et de nouveaux exemples sont examinés.

pp. 88-89. Une longue note (21) passe en revue, à propos de la "comparaison", les vues récemment exprimées par Françoise Soublin, Irène Tamba, Rolande Berteau, Danielle Bouverot, G. Fr. Pasini, M. Le Guern, P. Ricoeur.

p. 91. Note (23) mentionnant les opinions du philosophe H.-J. Stiker et du linguiste logicien Robert Martin, à propos de la comparaison.

pp. 96-97. Note (33) examinant, à propos de la métaphore, une critique de T. Todorov et une réserve de R. Martin.

p. 98. Note (34) ^ ù l'auteur se défend d'avoir donné la métaphore comme le "produit de deux métonymies"; il la définit encore "synthèse d'une double focalisation métonymisante, en court- circuit"; fusion et non addition.

p. 103. Dans le sous-titre, champs lexicaux remplace l'expression saussu- rienne champs associatifs.

pp. 136-156. L'auteur insère ici l'essen- d'un article, "Métaphore verbale et métaphore adjective", publié en 1980 dans les Hommages à Maurice Leroy, où est débattu, à propos d'études de Christine Brooke-Rose, P. Ricoeur, E. Coseriu, et à la lumière de la théorie guillaumienne de l'incidence, le problème "de la création métaphorique exprimée par le verbe ou l'adjectif", par opposition à la métaphore nominale.

p. 195. Note (44) mentionnant Fon- tanier et Le Guern à propos de la "syllepse".

pp. 228-234. Appendice nouveau ("Détection et prédiction?") à propos d'articles parus dans Poétique 25-1975 (N. Ruwet, Dan Sperber), Langages 54- 1 979, Poetics 4-1975 ("grouped'Aix"), Langue française 7 7-1971, Français moderne 41- 1973 et 43- 1975, etc., toutes tentatives en vue de remplacer l'indétermination de l'analyse sémantique par la rigueur de critères syntaxiques fondés sur les méthodes dis- tributionnelle et générativo-transfor- mationnelle; A. Henry fait état des échecs, souvent reconnus par ces opiniâtres chercheurs de voies nouvelles.

Lire l'ouvrage d'Albert Henry en 1971 était bon. Le relire en 1984 est encore meilleur. Dire qu'il s'est bonifié comme certains crus serait user d'une métaphore trompeuse, car il ne s'est pas enrichi en vase clos. "Prendre de l'âge", pour certains théoriciens, c'est se voir dépassé. Métonymie et métaphore est un livre de science et d'art qui a pris de l'âge en se fortifiant aux vents et aux vagues de la tempête, de cette "effervescence" des études de rhétorique "qui, en tout cas, suscite des questions, ou dévoile des mystères" (p. 234).