Couverture collection

François Souchal, Les frères Coustou, Nicolas (1658-1733), Guillaume (1677-1746), et l' évolution de la sculpture française du Dôme des Invalides aux chevaux de Marly, avec la collaboration de Françoise de La Moureyre, Paris, éd. De Boccard, 1980, 269 p.

[compte-rendu]

Année 1981 139-3 pp. 199-200
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François Souchal, Les frères Coustou, Nicolas (1658-1733), Guillaume (1677-1746), et V évolution de la sculpture française du Dôme des Invalides aux chevaux de Marly, avec la collaboration de Françoise de La Moureyhe. Paris, Éd. de Boccard, 1980, in-4°, 269 p. + index, 56 pi.

Les frères Coustou posent le problème ardu, sinon insoluble, de la double biographie. Séparés par une différence d'âge notable et par leurs tempéraments, ils se distinguaient par le style, mais ils furent constamment réunis dans la vie par des carrières parallèles, quoique décalées, par leur participation aux mêmes chantiers (ainsi à la rhapelle de Versailles, au chœur de Notre-Dame ou à Marly) et même par le partage de certaines commandes comme, par exemple, les statues de Louis XV et Marie Leczinska ou les Fleuves du piédestal du monument de Louis XIV à Lyon. Il semble donc impossible de les dissocier, alors que l'historien de l'art souhaite justement déterminer et mettre en valeur ce qui fait la personnalité de chacun. En les traitant ensemble, M. Souchal a respecté les données de l'histoire, mais son exposé y perd de la rigueur et de la clarté qu'on attend d'une monographie. La contradiction est inhérente au sujet et doit être acceptée comme telle. Mais le plan thématique qu'il a choisi pour présenter les œuvres des deux artistes complique encore la situation, car il empêche aussi de saisir leur évolution : il est vrai que l'étude est complétée par deux catalogues qui classent les ouvrages par ordre chronologique, mais leur existence ne suffit pas à corriger les effets du découpage sur une matière déjà dédoublée.

La première partie traite de la biographie et de la carrière des deux sculpteurs, et leur parallélisme justifie dès

l'abord le parti adopté. On comprend mal, en revanche, pourquoi un dernier chapitre (p. 41-43) y évoque les travaux de Nicolas à Trianon.

C'est ensuite leurs réalisations en matière de sculpture religieuse qui sont étudiées, car elles représenteraient comme le préambule de leurs carrières et posséderaient moins d'importance que celles du jardin de Marly : on découvre ainsi l'œuvre de Nicolas à Moulins (à laquelle une terre-cuite retrouvée chez les descendants de la famille se rattache bien mal, car elle paraît d'une qualité nettement supérieure), puis aux Invalides, où plus tard Guillaume travaillera au baldaquin de l'autel et aux anges de la chapelle de la Vierge ; ensuite les nombreux ouvrages de Guillaume à la chapelle de Versialles, où Nicolas, en revanche, ne réalise que deux reliefs ; enfin leurs travaux au chœur de Notre-Dame, où Nicolas a la part du lion avec la Piéta et la Gloire, tandis que Guillaume exécute seulement la statue de Louis XIII.

Une troisième partie est consacrée à la « sculpture officielle » dans les palais et places royales, c'est-à-dire aux œuvres profanes exécutées pour le roi et à ses monuments équestres. Le groupement paraîtra quelque peu artificiel si l'on considère qu'il existe d'autres œuvres profanes, exécutées pour des particuliers, qui constituent la quatrième partie, et aussi d'autres commandes royales — celles de Marly — qui sont traitées dans la dernière ; et que cette sculpture officielle réunit des travaux aussi disparates que la décoration de l'alcôve royale à Versailles, un terme au jardin des Tuileries, les statues de César, du maréchal de Villars (qui est d'ailleurs une commande privée), de Louis XV et Marie Leczinska en Jupiter et Junon, les piédestaux des monuments équestres de Lyon et de la place Vendôme et le tympan du portail de l'hôtel des Invalides. Le classement thématique, on le voit, n'apporte pas une clarté particulière et il entraîne, au contraire, des découpages gênants pour la chronologie ou des rapprochements peu fondés en raison. Si enfin les travaux de Marly constituent la part la plus originale et la plus réussie de l'œuvre des Coustou, n'aurait-il pas mieux valu les présenter d'abord pour s'en servir comme d'un éclairage au lieu de les garder pour la fin ? Ces réflexions auraient pu conduire à un parti inverse, c'est-à-dire à un exposé chronologique complété par un catalogue thématique (car c'est plutôt sur un sujet que l'on consulte un catalogue, et non sur une date). Je reconnais toutefois qu'une présentation chronologique des deux œuvres réunis donnerait sans doute au lecteur une impression de dispersion fâcheuse et peut-être fastidieuse.

Le fond de l'ouvrage est heureusement assez riche pour faire passer les inconvénients du plan. L'auteur possède bien ses sources, et s'il apporte peu de nouveautés documentaires au sujet des œuvres, il publie, en revanche, plusieurs sculptures inédites retrouvées auprès des descendants des Coustou. Si son style n'est pas toujours correct, son exposé est toujours clair, quoique l'histoire des grands chantiers royaux soit souvent complexe, et les œuvres sont judicieusement analysées en fonction des courants stylistiques de l'époque, sans oublier les références nécessaires à l'Italie. Le seul point important qui me paraisse appeler la discussion et un supplément d'information est la part personnelle des sculpteurs en matière de création ou, plus exactement, d'invention. On sait que sous Louis XIV les grandes entreprises étaient ordinairement

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