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Janine Fayard : Les membres du Conseil de Castille à l'époque moderne (1621-1746), 1979

[compte-rendu]

Année 1980 12 p. 531
Fait partie d'un numéro thématique : Représentations de la vie sexuelle
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Janine Fayard. : Les membres du Conseil de Castille à l'époque moderne (1621-1746). Genève, Droz, 1979, 613 p. + 11 pl. («Mémoires et documents publiés par la Société de l'Ecole des Chartes », XXVI.)

Pendant plus de quatre siècles (1385-1812), le Conseil de Castille fut l'institution fondamentale de la monarchie espagnole. L'arrivée des Bourbons en 1700 n'apporta pas de changement important. J.F. a choisi de traiter la période la plus mal connue de l'époque moderne, les règnes de Philippe IV, Charles II et Philippe V, entre le siècle d'Or et les Lumières, dans une perspective d'histoire sociale, selon les méthodes mises au point par R. Mousnier et son équipe. Le corpus comprend les 100 conseillers nommés par Philippe IV (ou encore en fonction à son avènement), les 89 nommés par Charles II et les 113 de Philippe V, auxquels il faut ajouter 33 présidents et gouverneurs. La charge de conseiller, ni vénale, ni officière, est un sommet de carrière : on n'y parvient que la cinquantaine passée, après avoir été pendant vingt ou trente ans alcade ou auditeur de chancellerie. Il faut être letrados ; 44 % des membres ont même été professeurs de droit aux universités de Salamanque, Valladolid ou Alcalâ. Le traitement est substantiel et donne droit à une retraite. Cela dit, l'influence des proches parents ou de la «tribu », à défaut les relations de l'épouse, l'appartenance à une famille connue par la pureté de son sang, sont de puissants atouts. Au 18e siècle, l'aristocratisation du siècle précédent s'atténue et le niveau nobiliaire de recrutement a tendance à baisser. L'entrée au Conseil peut entraîner l'obtention d'un titulo. Mais l'ancienneté des titres, dans une société qui se castifie, reste fondamentale ; elle règle l'endogamie et crée la honra, l'honneur-réputation, qui va d'ailleurs de pair avec la fortune. «Les divisions existant à l'intérieur de l 'estamento nobiliario sont, en fait, des divisions socio-économiques » (p. 548). Dès Charles II, on ne fait plus guère fortune en étant au service d'un Etat criblé de dettes et mauvais payeur. Mais on continue à vivre dans le faste et l'ostentation, même si on est réduit à être en location (54 % de proprié¬ taires de maisons à Madrid sous Philippe IV, 20 % sous Philippe V). La foi reste vive et active ; la charité est autant un impératif religieux qu'une nécessité du «paraître » . L'unité du groupe et la marque du métier apparaissent surtout dans les activités intellectuelles : beaucoup de praticiens d'un droit traditionnel et fort peu de précurseurs des ilus-trados. Les membres du Conseil de Castille étaient des juges plus que des bureaucrates à la française. D'où la superposition, sous Philippe V, des secrétaireries d'Etat au système polysynodique. Comme en France en 1661, la monarchie administrative l'emportait sur l'ordre judiciaire.

C. Michaud.