Couverture fascicule

Former à la lecture littéraire, Ahr, Sylviane (dir.) (2018)

[compte-rendu]

Année 2019 65 pp. 55-56
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LA LETTRE Numéro 65 / 2019 55 rapport à la lecture littéraire. Ils dessinent un projet clair de réécriture et d’évaluation formative, une vision qui peine à s’imposer dans des classes et que les chapitres d’exemples bien détaillés contribueront surement à diffuser. C’est en définitive grâce à des ouvrages aussi cohérents sur le plan théorique et documentés sur le plan pratique que les travaux de recherche parviennent à percoler dans les classes. Érick Falardeau, Université Laval

FORMER À LA LECTURE LITTÉRAIRE

Ahr, Sylviane (dir.) (2018). Paris : Canopé Éditions, 141 p.

Favoriser chez les élèves l’adoption d’une conscience esthétique, former des lecteurs critiques et autonomes, soutenir chez eux une attitude réflexive face à la lecture, transformer les classes en communautés interprétatives et, partant, soutenir chez leurs enseignants les gestes professionnels susceptibles de mettre en oeuvre ce programme au quotidien dans leurs classes : autant de missions sur lesquelles s’accordent volontiers chercheurs et législateurs, en France ou ailleurs. Pour autant, si les travaux les plus récents issus de la recherche et si les prescrits légaux dans le champ francophone plébiscitent cet ambitieux programme, reste la question de savoir comment le faire advenir concrètement. C’est à ce difficile défi que s’attèle l’ouvrage dirigé par Sylviane Ahr, professeure émérite en langue et littérature françaises : Former à la lecture littéraire,

publié aux éditions Canopé. Cette maison d’édition, placée sous la tutelle de l’Éducation nationale, a pour ambition de fournir des ressources pédagogiques au service de la communauté éducative, la finalité étant de soutenir la réussite des élèves. Pour autant, le présent ouvrage constitue la réédition de Vers un enseignement de la littérature, dont la refonte, explique Anne Vibert dans sa préface, était rendue indispensable par l’impérieuse nécessité d’actualiser le cadre théorique, de vulgariser davantage les concepts sous-jacents aux démarches, de mieux s’ajuster aux nouveaux programmes et de mettre en oeuvre une logique plus curriculaire. Le pari est relevé haut la main. Reposant sur la collaboration étroite et active d’enseignants de français issus de l’Académie de Versailles, les démarches didactiques dont il est question ont bénéficié de pas moins de 25 expérimentations dans des classes de collège et de 11 expérimentations pour le lycée. Dès lors, la didactique qui se donne ici à voir n’a rien de spéculatif : elle prend corps dans des classes empiriques et elle a le grand mérite de ne pas taire les difficultés, les impasses, les tensions, les blocages, les résistances ou bien encore le manque de réactivité de certains élèves. Est à juste titre soulignée à maintes reprises l’importance du facteur temps, seul allié permettant aux élèves, comme à leurs enseignants, d’opérer les déplacements requis pour adopter les postures attendues, les gestes lecturaux ou professionnels espérés. L’ouvrage se structure en trois parties de longueurs inégales. La première, en 25 pages serrées, assure un indispensable cadrage théorique et institutionnel. Y sont mis à la disposition des enseignants les présupposés théoriques qui sous-tendent les démarches et les principaux acquis de la recherche en didactique de la littérature depuis vingt ans. Quant à la deuxième partie, longue de 60 pages, elle s’attache à la mise en oeuvre empirique des dispositifs dans les classes. Enfin, une dernière partie explicite les pistes susceptibles d’implémenter au mieux les démarches préconisées, de lever les obstacles possibles, puisqu’est visée une authentique autoformation du praticien. La synthèse proposée des recherches en didactique de la littérature s’avère brillante et précieuse : à n’en pas douter, elle soutiendra utilement le travail des enseignants, mais également de leurs formateurs ou des chercheurs novices. Dense, complexe, exigeante, cette synthèse n’en est pas moins parfaitement compréhensible. Elle a en outre le mérite de montrer les changements de paradigme qu’a connus la didactique de la littérature : cette mise au point rend d’autant plus nécessaire la formalisation des outils les plus à même de passer des intentions aux actes. D’emblée, le focus est placé sur la réception effective du texte par le sujet lecteur. Est dévoilée la tension entre la réception subjective de l’oeuvre d’une part et la lecture objective du texte d’autre part : cette tension s’inscrit au coeur de tout le processus proposé. Ainsi, l’ouvrage plébiscite un processus dialectique entre une réception subjective du texte et une objectivation de cette même réception que rendent possibles des échanges intersubjectifs. Dès lors, la conception de la lecture littéraire défendue s’inscrit résolument entre expérience sensible et examen critique. N’est privilégiée ni une lecture dite subjective (impliquée, participative, immersive, voire empathique ou identificatoire), ni une lecture objective, plus explicative, plus distanciée. Toutes deux ont

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