Couverture fascicule

Françoise Fortunet : Charité ingénieuse et pauvre misère. Les baux à cheptel simple en Auxois aux 18e et 19e siècles, 1985

[compte-rendu]

Année 1987 19 p. 470
Fait partie d'un numéro thématique : La franc-maçonnerie
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Page 470

Françoise Fortunet : Charité ingénieuse et pauvre misère. Les baux à cheptel simple en Auxois aux 18e et 19e siècles. Éditions universitaires de Dijon, 1985, 393 p.

La formule du «bail à cheptel » qui est connu sous différentes appellations («bail à gazaih » dans le Sud-Ouest) est une permanence des relations sociales à la campagne aux 18e et 19e siècles et même avant. Le code civil l'a maintenu assez sensiblement dans les formes qu'il avait, notamment dans les coutumes berrichonnes et nivernaises d'avant 1789, et il en reste quelques traces puisque l'A. a trouvé un acte de 1961 chez le notaire de Vénarey.

«Le cheptel simple pour lequel l'un donne à l'autre des bestiaux à garder, nourrir et soigner à condition que celui-ci profitera de la moitié du croît et qu'il supportera aussi la moitié de la perte », c'est ainsi que le définissait le tribun Joubert devant le Corps Législatif (7 mars 1804) lors des débats sur le Code civil . En pays d'Auxois, alors zone de polyculture et non d'élevage comme aujourd'hui, ce bail était très fréquent ; l'A. en a retrouvé plusieurs milliers sur l'étendue de quatre de nos cantons actuels. Les «bailleurs » sont essentiellement des «domi¬ nants », nobles, clercs, bourgeois essentiellement ruraux, tandis que les «pre¬ neurs » sont des paysans pauvres, mais non misérables qui, parfois, souscrivent ce bail pour sortir de difficultés temporaires. Généralement, le troupeau engagé est de peu d'importance et, plus on avance dans le temps, plus il est à dominante ovine. Le bail à cheptel appartient à une civilisation rurale archaïque et, au moment où s'est développé l'«individualisme agraire », il s'est heurté à la liberté de clore, au partage des communaux, au recul de la «vaine pâture », en même temps qu'à l'inquiétude que ressentaient les «propriétaires » devant les progrès de l'élevage ovin. Le recul du bail à cheptel est évident après 1830. A qui a-t-il profité ? L'étude attentive menée par notre auteur ne permet pas de conclure nettement. Peu de pauvres se sont enrichis au point de changer de catégorie sociale, mais peu s'y sont ruinés (encore qu'il ne soit pas exclu que ces mouvements aient d'autres causes). Le système témoigne d'un archaïsme persistant, d'une crise agricole à peu près permanente et, peut-être d'une paupérisation. Il est plus un résultat qu'un facteur.

D. Ligou