Couverture fascicule

Douglas A. Kibbee For to speke frenche trewely (Amsterdam Studies in the Theory and History of Linguistic Science. Series III -Studies in the History of the Language Sciences, Volume 60). Amsterdam/Philadelphia : John Benjamins Publishing Company, 1991

[compte-rendu]

Fait partie d'un numéro thématique : Maîtres et élèves
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Douglas A. Kibbee

(Amsterdam Studies in the Theory and History of Linguistic Science. Series III -Studies in the History of the Language Sciences, Volume 60). Amsterdam/Philadelphia : John

Benjamins Publishing Company, 1991, viii + 268 pp. ISBN 90 272 4547 9 (Eur)/1. 5561 9-355-6 (US).

Ce livre nous paraît essentiel pour tous ceux qui s’intéressent à la place occupée par la langue française en Angleterre au Moyen ge et au XVIe siècle. Il résume et met à jour certains travaux antérieurs.

Kibbee divise la période (de 600 ans) qu’il a choisi de traiter dans son étude en cinq époques :

I : De 1004 à 1152 (mariage de Henry II et Eléonore d’Aquitaine)

Il : De 1152 à 1258 (date des Provisions of Oxford)

III : De 1258 à 1362 (date d’un décret ordonnant que les affaires publiques soient enregistrées en anglais)

IV : De 1362 à environ 1470 (introduction de l’imprimerie)

V : L’âge de l’imprimerie, de l’humanisme et de la réforme.

Au cours de son livre, l’auteur se donne pour tâche de répondre à trois questions :

a) A quelles fins le français était-il nécessaire ?

b) Combien de personnes parlaient français ? Qui étaient ces locuteurs ? Quel type de français parlaient-ils ?

c) Qui avait besoin d’apprendre le français comme langue seconde ? Dans quelle mesure les matériaux pédagogiques répondaient-ils à ces besoins ?

Les chapitres s’allongent au fur et à mesure du texte, ce qui se comprend si l’on pense au nombre accru de documents à la fin de la période traitée par Kibbee ; le chapitre sur le xvie siècle (chapitre 6) est de la même longueur que les chapitres 2 à 5 pris ensemble.

Kibbee affirme (p. 1 86) (la traduction est de moi) : «L’étude, pratique ou théorique, d’une langue, qu’elle soit maternelle ou seconde, ne peut pas être séparée du contexte culturel dans lequel se fait cette étude. » Kibbee souligne donc l’importance de certains événements historiques. La Guerre de Cent Ans permit, pendant quelque temps, à de jeunes Anglais ambitieux de faire carrière dans l’administration de régions de France sous autorité anglaise. La peste noire produisit elle aussi son effet : la montée de classes sociales sans connaissances en langues (classiques aussi bien que vivantes).

L’auteur exprime des doutes raisonnés sur les idées reçues quant à l’importance du français pendant les deux premières périodes. Il ne lui paraît pas possible que le français ait jamais été près de remplacer l’anglais comme langue vernaculaire : l’impact du français fut plutôt superficiel et limité, et l’impression que l’on a de son importance est due au fait qu’il était parlé par une

élite (mais minoritaire). Après la conquête normande, certains Anglo-Saxons conservèrent plus de pouvoir et d’influence qu’on ne l'a cru quelquefois. Et, de toute manière, malgré l’importance de la littérature anglo-normande, ce fut le latin et non le français qui resta seul comme langue des registres et autres documents officiels. De plus, les nouveaux arrivés, venus de France, (soldats, nobles ou serviteurs) furent peu nombreux, ne restèrent pas tous ou se laissèrent assimiler.

Peu de temps après la conquête normande ainsi qu’à d’autres moments ultérieurs, il se montra nécessaire d’envoyer les jeunes nobles chez leurs cousins restés en France pour y apprendre le français : il suffisait donc de fréquenter des Anglais, par exemple des domestiques, pour faire perdre son français à une famille. L’ignorance de la langue française, même parmi les classes supérieures, fut frappante à plusieurs moments de l’histoire, par exemple lors d’une visite que le roi d’Angleterre fit en France en 1329 (p. 40). Lorsque des Français débarquaient en

Angleterre, ils trouvaient bien souvent que ceux qui étaient supposés connaître le français le parlaient d’une manière bizarre (pp. 24-26) puisque le français d’Angleterre divergeait de celui de France -et l’on sait combien de temps il fallut pour que le francien s’imposât en France.

De manière générale, Kibbee présente un tableau qui convainc parce qu’il ne présuppose pas de bouleversements rapides, qui auraient eu pour résultat de faire disparaître en quelques décen-

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