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Mixail èmileviô Fajnètejn, Писательницы пушкинской поры, Историко-литературные очерки, Leningrad, « Nauka », 1989

[compte-rendu]

Année 1993 5 pp. 97-99
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Mixail èmileviô FAJNèTEJN, Писательницы пушкинской поры, Историко-литературные очерки, Leningrad, « Nauka », 1989, 176 р. (Serija «Literaturovedenie i jazykoznanie»).

Archiviste à l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, M.Fajnstejn a construit son livre à partir de matériaux édités, mais aussi de documents inédits. L'attention accordée au destin des fonds d'archives, la précision des références font de ce livre, par delà la modestie de la préface et de la conclusion, une véritable initiation aux « femmes écrivains » de la première moitié du xixe siècle en Russie et, plus encore, un guide bibliographique introduisant aux outils existant sur le sujet, depuis l'esquisse d'I. Kireevskij Ocerk о russkix pisatel'nicax, au Bibliograficeskij slovar' russkix pisatel'nlc de N. N. Goli- cyn (SPb., 1884).

Parmi les quelque trente femmes écrivains que dénombre l'A. entre 1820 et 1840, le tri était malaisé. Le choix s'est finalement porté sur celles qui lui paraissaient les plus exemplaires. Faute de place, beaucoup sont seulement mentionnées, qui mériteraient une étude : telles sont la fille de M. Speranskij E. M. Frolova-Bagreeva, la poétesse M. Dargomyzskaja (la mère du compositeur), et bien d'autres.

Après avoir retracé l'itinéraire littéraire et intellectuel d'Elisaveta Kul'man, l'A. décrit l'œuvre des femmes plus spécialisées dans la littérature pour enfants : Anna Zontag, Aleksandra Isimova et Ljubov' Jarcova. On vérifie à cette occasion que la bonne littérature n'est jamais anodine : même lorsqu'elle s'adresse aux enfants, elle peut être assez lourde d'enjeux pour inquiéter le pouvoir. Les démêlés d'Anna Zontag avec la censure le démontrent abondamment.

Mais c'est au « Parnasse moscovite » (1820-1840) que l'A. consacre le plus d'attention, avec, en premier lieu, la célèbre « Corinne du Nord », la belle Zinaïda Volkonskaja, née Belosel'skaja- Belozerskaja, à Turin, en 1792, où son père était ambassadeur à la Cour de Savoie. Personnalité rayonnante, aux dons multiples, elle est à Paris en 1814 et y fait connaître Rossini en montant et interprétant l'Italienne à Alger. Elle fait

scandale, après les Cent Jours, en demandant à Alexandre Ier d'intercéder en faveur de La Bédoyère. En 1819, elle publie quatre nouvelles en français, dont l'une est follement autobiographique. SeverV s'écriera plus tard : « Oh, si elle avait écrit dans sa jeunesse en russe ! Nous aurions compris ce que sont la délicatesse et l'esthétisme du style. Elle aurait créé chez nous une prose digne de Chateaubriand ». Son hôtel moscovite, rue de Tver', qui portait à son fronton l'inscription Ridendo dicere verum, est fréquenté de 1825 à 1829 par une pléiade d'écrivains où l'on compte P. Vjazemskij, Baratynskij, Zukovskij, les frères Kireevskij, Sobolevskij, Odoevskij, Kozlov, Ôaadaev, M. Pogo- din, Jazykov, Mickiewicz, Puskin, le prince Salikov et, bien sûr, Venevitinov. Après l'écrasement de l'insurrection décembriste, en particulier, Moscou faisait figure de havre et Zinaïda mande à Puêkin que « l'air de Moscou paraît plus léger». En décembre 1826, elle organise une soirée d'adieu en l'honneur de Marija Volkonskaja (Raevskaja) qui partait rejoindre son mari en Sibérie. Ce courage politique lui valait, faut-il le dire, la surveillance étroite de la police. Convertie au catholicisme en 1829, elle quitte la Russie et s'installe à Rome, dans le Palazzo Poli, où elle passera le dernier tiers de sa vie. La villa Poli accueillera dès lors de très nombreux Russes, des peintres comme K.Brjullov, M. Lebedev, F. Bruni, A. Ivanov, ou des écrivains, comme Gogol', qui la fréquentera de 1837 à 1839. La « Corinne du Nord » meurt ruinée en 1862. L'A. retrace le destin des archives de la villa Poli, dont la partie la plus riche se trouve actuellement à Harvard.

Typique de la culture aristocratique russe du premier tiers du xixe siècle est aussi Evdokija Rostopcina, née Suskova, belle-sœur de « notre » comtesse de Ségur. Évoquant sa génération, Evdokija Rostopcina rappelait que les femmes de son temps « rêvaient, pleuraient [...] ; tout cela, peut-être, paraît bien ridicule et sentimental à l'époque

LA REVUE RUSSE, Paris, 5, 1993.

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