Couverture fascicule

Christian de Mérindol, Images du royaume de France au Moyen Âge. Décors monumentaux peints et armoriés. Art et histoire, Pont-Saint- Esprit, Musée d’art sacré du Gard, 2013

[compte-rendu]

Année 2017 175-1 pp. 85-86
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85 Bibliographie La dernière partie, «Vers une chronologie des décors peints » , expose une méthode rigoureuse qui exploite toutes les sources possibles pour proposer des datations bien fondées. Plus intéressantes que l’évocation des indices archéologiques et archéométriques, puis de la fondamentale héraldique, dont les apports sont bien connus, est le recours aux informations fournies par l’évolution du costume, et surtout de l’armement, matière difficile à laquelle l’auteur consacre un chapitre très argumenté, se risquant à proposer une grille de critères datants par tiers, puis quart de siècle. L’entreprise est courageuse, qui affine beaucoup les datations en les affranchissant des risques d’une appréciation fondée sur l’emprise des grands courants stylistiques pour les appuyer sur des faits matériels, constitués en tant que fossiles directeurs. Resterons-nous sur ce registre laudatif, qui a souhaité mettre en relief des apports marquants ? Il est vrai que l’ouvrage souffre de la médiocre qualité de beaucoup de reproductions en couleurs. Par ailleurs le corpus (p. 291-325), composé principalement de 55 édifices dont sont données de courtes monographies, est incomplet, mais pouvaitil en être autrement ? Beaucoup de décors armoriés sont inédits (à Pommard) ou publiés de façon confidentielle (à Bayeux et à Metz), tandis que ceux de Villeneuve-lès-Avignon sont curieusement ignorés. L’absence de prise en compte des plafonds a également été soulignée et se discute, notamment du fait de l’importance des armoriaux qu’ils portent. Aussi la géographie artistique proposée in fine

n’a-t-elle qu’une valeur indicative et temporaire. Elle met néanmoins en valeur, sans surprise, l’influence de Paris et plus généralement de l’Île-de-France. Ce livre est le premier ouvrage aussi méthodique sur le sujet : il traite aussi bien de tous les aspects techniques de la réalisation, que de l’organisation interne de la maison en rapport avec la structuration des décors, que des thématiques et des représentions mentales. À cet égard, il invite à un véritable voyage intérieur, dans les mentalités et les moeurs de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie médiévales : le ton de cette quête, animée d’un désir de compréhension empathique, n’est pas l’aspect le moins original de ce livre attachant. L’entreprise est fondée sur une culture d’une vigoureuse diversité, qui mêle à l’envi, et avec autant de brio que de pertinence, les apports de l’héraldique et de la sigillographie, de la connaissance matérielle des objets et de l’iconographie, de la littérature médiévale et des études étrangères. De fait, la bibliographie ne mérite que des louanges pour sa richesse, notamment par ses nombreuses références aux publications concernant les pays voisins. Cette étude très bien charpentée et abondamment documentée contribue à la réhabilitation de l’importance, dans le paysage architectural médiéval, des décors peints profanes exécutés dans des constructions civiles, dont la grande qualité devient mieux perceptible, en dépit de leur état le plus souvent très mutilé. C’est aussi une contribution importante au tableau des moeurs, dont une bonne compréhension est nécessaire pour saisir dans sa complétude l’art d’habiter, composante fondamentale de toute civilisation. Pierre Garrigou Grandchamp

1. Térence Le Deschault de Monredon, «Le cycle peint du château de Cruet (Savoie, vers 1307) : une représentation du roman de Girart de Vienne ? » , Bull. mon., 2013-2, p. 107-116 et «La tour Ferrande à Pernes-les-Fontaines (Vaucluse) : nouvelle lecture du programme iconographique » , Bull. mon., 2015-4, p. 333-347. 2. Jean Wirth, dir., Les décors peints figuratifs de l’habitat en France avant 1350, université de Genève, 2012. 3. Voir les travaux de l’Association internationale pour la recherche sur les plafonds peints médiévaux (RCPPM :

http:// rcppm. org/ blog/ lassociation-rcppm) : Ph. Bernardi et J.-B. Mathon (dir.) Aux sources des plafonds peints médiévaux : Provence, Languedoc, Catalogne, Capestang, 2011. M. Bourin (dir.), Images oubliées du Moyen Âge : les plafonds peints du Languedoc-Roussillon, DRAC Languedoc-Roussillon, 2009. Ph. Bernardi et M. Bourin (dir.), Plafonds peints médiévaux en Languedoc, Perpignan, 2009. J. M. Riba i Farrés, M. Bourin (dir.), Teginats pintats medievals i moderns : conservació, restauració, revaloració, Quaderns del Museu Episcopal de Vic, VI, 2013.

Christian de Mérindol, Images du royaume de France au Moyen Âge. Décors monumentaux peints et armoriés. Art et histoire, Pont-Saint-Esprit, Musée d’art sacré du Gard, 2013, 32 cm, 284 p., 139 fig., ill. et plans, index des lieux. -ISBN : 978-2-910567-55-9, 35 €.

En 2000, dans La maison des chevaliers de Pont-Saint-Esprit, Ch. de Mérindol livrait un corpus étoffé des décors peints sur les murs et sur les plafonds des demeures médiévales (c. r.

Bull. mon. 2002-3, p. 318-319). Aujourd’hui, l’auteur remet l’ouvrage sur le métier, sans visée exhaustive cette fois, et en incluant quelques édifice religieux «privés » . Son propos est d’imaginer des grilles d’interprétation pour des créations artistiques ornant les espaces résidentiels, à visée certes décorative, mais qui ne sont pas disposées sans ordre et dont le sens est à déchiffrer. Il utilise pour cela des clefs de lecture destinées à guider l’observateur, méthode qu’il a déjà mise en oeuvre dans de nombreux articles. La première est que ces oeuvres n’ont pas seulement une visée d’ordre esthétique ; elles remplissent également une fonction, définie selon les codes de l’époque, qui est généralement d’ordre social ou politique et joue dans les registres narratifs ou symboliques. L’idée force est ici l’association entre le décor et le lieu. La seconde est que les images qui constituent ces décors sont disposées en fonction de déterminants, dont il faut retrouver la logique si l’on veut en saisir la valeur. Les interrogations portent sur leurs assemblages tout autant que sur leur rapport avec l’organisation hiérarchisée des espaces, qui structurait la perception des intérieurs pour les contemporains (place d’honneur, visibilité depuis les accès principaux, etc.). Ensuite, la nature et les qualités de ces images sont également porteuses de sens. À cet égard, armoiries, emblèmes et devises ne sont pas seulement des signes identitaires mais répondent à des programmes à visée sociale et politique. Les couleurs également ne sont pas mises en oeuvre de façon indéterminée ; ici l’auteur retrouve les travaux de Michel Pastoureau, qui préface d’ailleurs cet ouvrage. Enfin, toute image ne saurait contenir à elle seule la totalité de son sens. Elle le prend pleinement dans la chaîne des représentations : ainsi le décor d’une salle s’éclaire-t-il de celui des autres pièces de la même demeure. En outre, le sens s’approfondit par la prise en compte de corpus qui permettent d’évaluer ces décors dans des séries comparables, en les mettant en rapport avec les réseaux sociaux ou politiques qui les sous-tendent. Fort de cette grille, ici sommairement présentée, l’auteur propose des interprétations de 121 édifices – en majorité civils –, regroupées en 20 chapitres, selon un ordre principalement chronologique, commençant avec Louis IX, puis son entourage et ensuite ses frères, pour s’achever par les créations de la fin du Moyen Âge, du règne de Louis XI à celui de François Ier, en passant par les grandes étapes dynastiques du royaume de France (le temps de Philippe le Bel, celui des Valois, qui ont droit à trois chapitres), mais traitent aussi du royaume de Majorque, des domaines de plusieurs grands fiefs ou de Paris, etc. La lecture de ces analyses est passionnante, souvent ardue, mais convainc en général le lecteur, bien qu’il reste toujours aux aguets, inquiet des risques de surinterprétation. On aurait en revanche souhaité que l’illustration soit plus développée tant, malgré de nombreux

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