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Françoise van Rossum-Guyon, Balzac : la littérature réfléchie. Discours et autoreprésentations

[compte-rendu]

Année 2004 125 pp. 140-141
Fait partie d'un numéro thématique : Juifs, judéité à Paris au début du XIXe siècle
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Françoise van Rossum-Guyon, Balzac : la littérature réfléchie. Discours et autoreprésentations, Montréal, Paragraphes (publications du Département d'études françaises de l'Université de Montréal), 2002, 200 p.

Enfin ! Nous en rêvions depuis vingt ans : Françoise van Rossum-Guyon l'a fait - avec le soutien éditorial de Stéphane Vachon. Elle a bien voulu réunir ses différents articles sur le métadiscours balzacien, rédigés et publiés entre 1979 et 1994, les reprendre, les réécrire, les corriger, et en faire un livre, parfaitement pensé, parfaitement structuré, un vrai livre de référence. Avant de présenter, trop vite, cet ouvrage important, l'on commencera par un petit rappel. En 1979, les études de poétique textuelle sur Balzac n'existaient tout simplement pas. Bien sûr, certains maîtres-livres avaient déjà défriché le terrain de la création balzacienne, mais en termes plus humanistes que théoriques : le primat du génie

tion l'emportait sur la considération des phénomènes discursifs singuliers ou collectifs. Les années 1970 furent la rupture épistémologique que l'on sait, traumatisante pour certains, libératrice pour d'autres. Il y eut, alors, une extraordinaire convergence d'approches. Dans le domaine d'une poétique du discours, tout restait à faire : Françoise van Rossum-Guyon se consacra à la linguistique du roman. Aidée par les équipes de l'université d'Amsterdam où elle enseignait, soutenue par des chercheurs comme Claude Duchet, Jacques Neefs ou Nicole Mozet qui, tout de suite, comprirent l'intérêt exceptionnel de ce travail, elle entreprit des classements et des relevés systématiques des grands corpus balzaciens pour rationaliser notre lecture du «discours sur le discours et dans le discours» qui, comme chacun sait, prolifère chez Balzac. Grâce à son travail, des énoncés comme «II est ici nécessaire d'expliquer», «Chacun comprendra que», authentiques balzacismes, furent enfin lisibles, et non plus tolérés : Françoise van Rossum-Guyon nous expliquait que le texte du roman est un entrecroisement de voix, de feuilletés polyphoniques, que la vérité de la prose balzacienne est dans la disparate qui la gouverne, souvent au risque du déséquilibre, du désordre, de la confusion. Le clivage «le fond/la forme» s'écroulait définitivement, et un Balzac écrivain à part entière, mais un écrivain plus proche de Proust ou de Claude Simon que de Flaubert, était révélé aux chercheurs. Pari intellectuel risqué, osé grâce au courage de structures modestes et souvent marginales mais qui faisaient, alors, le vrai travail d'engagement politique dont la France avait besoin (les revues dans lesquelles ces travaux furent publiés étaient souvent obscures et éphémères, éloignées de Paris ; les Actes de colloque avaient besoin d'éditeurs aventureux), mais pari pleinement gagné : les jeunes chercheurs des années 1990 - il fallut du temps pour la diffusion et l'assimilation - suivirent en masse ce chef de file, et désormais les travaux sur la poétique de Balzac s'accumulent, de qualités diverses, bien sûr, mais tous réunis par leur même fidélité à Françoise van Rossum- Guyon. Ces textes étaient devenus d'accès matériel très difficile : beaucoup de revues n'existaient plus, les livres n'étaient plus réédités. Il faut donc être reconnaissant à l'auteur de les mettre de nouveau à notre disposition. D'autant plus que, on s'en dou-

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