DHA, 42/ 1, 2016
Sanctuaires et guérisons : Pierre Sineux face à l’Histoire
Pierre Sineux nous a quittés brutalement en février dernier sans avoir eu le temps de produire son ouvrage de synthèse sur les rites d’ incubation1, retardé dans ses travaux par la présidence de l’ Université, charge terriblement chronophage lorsqu’ elle est assumée avec conviction, dynamisme et volonté d’ ouverture, comme c’ était son cas. Heureusement, outre son Amphiaraos, guerrier, devin et guérisseur, paru en 2007, nous disposons de plusieurs articles et contributions au fil desquels se dessine sa vision des rites liés à Asclépios et autres dieux guérisseurs, notamment l’ incubation, vision fondée sur une remarquable analyse des documents écrits et des images, sur une excellente connaissance de l’ historiographie et, enfin, sur un désir d’ approcher au mieux ce que pouvaient penser et ressentir les Grecs.
Dieux guérisseurs et politique des cités
Soucieux d’ inscrire toutes les données cultuelles dans un cadre historique le plus précis possible, il montre que certaines innovations dans les mythes et les pratiques religieuses sont aussi à comprendre comme des témoins de changements politiques régionaux. Chemin faisant, cela lui a permis de mettre en valeur la place du religieux dans la vie des cités, et de donner aux documents exploités une nouvelle dimension. Cette orientation est particulièrement nette dans ses études sur le péan d’ Isyllos, sur les sanctuaires d’ Oropos et de Lébéna.
1 «Dormir, rêver peut-être… » . Recherches sur le rite de l’ incubation dans le monde grec (de l’ époque classique au iie siècle apr. J.-C.).
Pierre Sineux (1961-2016)