378 RAPPORTS SUR LES CONFÉRENCES

Textes et doctrines de la fin de l'Antiquité (*)

Chargé de conférences : M. Jean Pépin, directeur de recherche au C.N.R.S.

Les conférences de cette année ont été toutes consacrées à un thème que celles de l'an dernier avaient permis seulement de présenter in extremis, à savoir les appréciations que les Pères de l'Église du IIe au IVe siècle ont portées sur les analogies qu'ils observaient entre le christianisme et la mythologie classique. Contrairement à ce que l'on pourrait croire en effet, leur attitude la plus courante n'est pas de nier le fait de telles analogies, mais d'en rendre raison à leur avantage. Aussi bien l'importance qu'ils accordent à ces recoupements varie-t-elle dans une très large mesure, qui va de la simple façon de parler jusqu'à une véritable christianisation de l'élément païen; on a essayé de définir ces différents styles de comparatisme en commençant par les plus superficiels, qui ne sont d'aucune conséquence théologique, pour en venir progressivement à ceux qui engagent toute une vue de l'histoire.

Au plus humble niveau, on a ainsi repéré des rapprochements qui ne dépassent guère la simple association d'idées (Noé fait ainsi penser à Deucalion, Samson à Héraclès, ou l'inverse). Plus prémédités, mais encore assez formels, sont apparus des parallèles imputables au souci qui poussa certains apologistes chrétiens à s'adresser aux auditoires païens dans le langage religieux de ces derniers; ce dessein explique la pratique, chère à Clément d'Alexandrie notamment, par laquelle le message chrétien est formulé à l'aide des notions et du vocabulaire des mystères grecs; c'est une intention du même ordre qui détermine les Pères à christianiser tel épisode mythologique populaire, par exemple celui d'Ulysse aux prises avec les Sirènes.