Sciences Sociales et Santé, Vol. 28, n° 3, septembre 2010
La qualité de vie : une notion utile aux sciences sociales ?
Commentaire
Philippe Le Moigne* L’article de Enguerran Macia, Priscilla Duboz et Lamine Gueye propose une évaluation de la qualité de vie subjective à Dakar. Il y a là l’occasion d’interroger les conséquences que fait peser le recours à cette notion dans l’étude de la santé par les sciences sociales. Trois points méritent d’être discutés : -dans quelle mesure la question de la qualité de vie croise-t-elle celle de la santé ? On pressent une affinité entre les deux questions. En même temps, poser la question de la qualité de vie laisse à penser que l’étude de la santé devrait prendre en compte des objets qui dépassent largement son cadre. De quels objets s’agit-il ? -la mesure de la qualité de vie se veut, à des degrés divers, proprement subjective. Pourquoi une telle perspective, et dans quelle mesure peutelle être soutenue par un regard sociologique ou anthropologique ? -l’amélioration de la qualité de vie ouvre la voie à une philosophie du progrès social dont les fondements restent à discuter. Ce progrès se dit souvent dans les termes d’une émancipation de l’individu, d’une autonomie gagnée sur les contraintes imposées par le corps, l’environnedoi:
10.1684/ * Philippe Le Moigne, sociologue, CERMES3 — Équipe CESAMES, Centre de Recherche Médecine, Sciences, Santé — Santé Mentale et Société, Université Paris Descartes, EHESS, CNRS (UMR 8211), INSERM (U988), 45, rue des Saints-Pères, 75270 Paris Cedex 06, France ; philippe. le-moigne@ paris5. sorbonne. fr
sss. 2010.0304