Norbert Dufourcq. Le livre de V orgue français, 1589-1789. Tome II : Le buffet. Étude architecturale et décorative du meuble. Paris, Picard, 1969. In-4°, 311 pages, 608 figures en CCLXXII planches. {La vie musicale en France sous les rois Bourbons, 14.)

Ce troisième tome du Livre de Г orgue français est paru antérieurement aux tomes I et IV, dont il a déjà été rendu compte ici1. Sa somptueuse présentation s'harmonise avec la magnificence de beaucoup des meubles qu'il décrit. Cette fois, en effet, il n'est nullement question de la partie instrumentale des orgues, mais uniquement de leur buffet, c'est-à-dire de cette sorte d'étui, parfois immense, dans lequel viennent se ranger tuyaux et mécanismes. Pour la majorité des gens, c'est cette façade qui constitue l'orgue, alors qu'en réalité sa face cachée, son mystérieux revers accueillent ses parties vitales. Серед dant, la splendeur de cette « montre » n'est pas nécessairement garante des qualités techniques et musicales de l'instrument, encore qu'elles aillent volontiers de pair. Dans la plupart des cas, il y a dépendance étroite entre la composition de l'orgue et son buffet : le nombre des claviers et leur étendue, la présence ou l'absence d'un pédalier, la nature et la quantité des jeux, ont imposé au facteur et au menuisier le parti adopté pour le buffet. Ils devaient compter aussi avec les servitudes découlant de l'architecture de l'édifice où ils devaient implanter l'instrument. Certains facteurs excellèrent dans la menuiserie et prirent une part importante à la construction du buffet, mais celle-ci résulta le plus souvent d'une concertation et d'une collaboration entre l'organier et le huchier.

L'ouvrage de notre confrère suit le plan d'un opéra lullyste : ouverture, prologue, cinq actes et un épilogue. L'ouverture rafraîchit utilement pour le lecteur des notions élémentaires d'organologie. Le prologue résume l'histoire des buffets en France depuis le Moyen Age jusqu'à la fin du xvie siècle. Les cinq actes retracent l'évolution du style depuis 1589 : les origines du buffet classique, la boiserie de style

ces trois livres font la transition entre les recueils des clavecinistes du xvne siècle finissant et les grands recueils de Gouperin et de la maturité de Dandrieu lui-même. On y lit enfin (p. 236-296) la première partie d'une étude biographique et musicologique de Mlle Lespinard sur l'abbé Henry Madin (1698-1748), un des derniers clercs musiciens de l'Ancien Régime, maître de musique successivement à, Meaux, Tours et Rouen et enfin sous-maître à la chapelle royale.