L'autre est de toutes manières autre. Toutefois, dans la pensée de Levinas, la femme comme «aimée», le visage de la «féminité» est un autre d'un genre un peu particulier, un autre qui est, lui, défini, consigné dans certaines catégories et même dans certaines fonctions. On a rarement vu juxtaposés une philosophie de l'autre aussi radicale et aussi éclairante, et une idéologie de la féminité aussi conventionnelle. Catherine Châtier, très proche de la pensée d'Emmanuel Levinas et du judaïsme en est consciente et le fait apparaître, mais sans toutefois développer suffisamment sa critique. -

Judaïsme et altérité élargit la réflexion aux textes judaïques, remonte de Levinas aux origines religieuses de sa pensée. On a le sentiment que le livre est en même temps pour son auteur l'occasion d'un itinéraire spirituel. On sait que pour Levinas, le judaïsme fait résistance au rationnalisme occidental qui réduit l'universel à l'uniforme et fait des hommes les unités d'un tout. De sorte qu'ici pensée et salut se confondent. '

Il est difficile de suivre Betty Friedan à travers le cheminement de sa pensée. Depuis «La femme mystifiée», livre important, base du courant psychologique du féminisme, en passant par «Ma vie a changé» pour aboutir aujourd'hui à «Femmes, le second souffle», on a plutôt l'impression d'un retournement, un peu à la façon du « Je rentre à la maison » de Christiane Coullanges. Or, ce n'est pas si simple. Même chez cette dernière, ce n'était pas aussi simple que la phrase matraquée, style grande pub. Chez l'une et l'autre, le manque de rigueur dans l'expression obnubile la complexité du sujet traité. Laissons là la comparaison, Betty Friedan est la fondatrice du NOW un des plus ancien et des plus larges mouvements du féminisme actuel. Et ce dernier livre demeure féministe, car tout au long, il exprime l'exigence de voir votée la loi sur l'égalité des droits pour les deux sexes aux Etats-Unis, le fameux ERA (Equal Rights Amendment).

Betty Friedan,

Femmes,

Le second souffle,

Hachette, 318 p.

Exigence pressante et déception de voir la chose continuellement reportée. Betty Friedan se demande ce qui empêche des Américains idéalement épris de justice de consacrer une égalité aussi fondamentale. Elle voit bien les empêchements pour la loi sur l'avortement: toujours les vieux tabous, les campagnes «Laissez-les vivre» etc.

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