Couverture fascicule

Sow Ibrahima, Le maraboutage au Sénégal, éditions IFAN Ch. A. Diop, Dakar, 2013

[compte-rendu]

doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 309

SOW Ibrahima, Le maraboutage au Sénégal, éditions IFAN Ch. A. Diop, Dakar, 2013, 396 p., ISBN 978 2 917400 19 7.

Ibrahima Sow est le spécialiste des pratiques du maraboutage au Sénégal : il nous présente ici un tableau de son histoire et de ses pratiques très documenté et plein de vie. Les pratiques du maraboutage plongent dans l’imaginaire et les angoisses profondes des Sénégalais, dans un tréfonds mystique, le tout intégré aux principales activités de la vie. Comme nombre d’autres habitants de l’Afrique, les Sénégalais sont écartelés entre les puissances du monde invisible et les réalités du monde visible, entre les aspirations individuelles et les volontés contraignantes des groupes de pression. Ainsi, nombre d’entre eux semblent être conditionnés par des facteurs étrangers qui commandent tous les aspects de leur vie, même les plus intimes et l’acte personnel ne parait pas avoir d’impact sur des facteurs extérieurs. Aussi, la raison ne parait avoir qu’un effet relatif sur ces facteurs extérieurs. L’auteur, directeur du Laboratoire de l’imaginaire à l’IFAN C. A. Diop, connaît bien la force de l’imaginaire dans la société qui est la sienne, et ce n’est pas pour rien que ce laboratoire a été créé à l’Université de Dakar. L’ouvrage est construit avec une grande rigueur ; il s’achève par un lexique des termes employés dans le maraboutage, un index, y compris des noms des arbres, par une bibliographie qui fait également appel aux récits anciens des voyageurs. Il s’articule autour de huit parties : la première expose les aspects conceptuels du maraboutage, de la magie et des représentations que les sénégalais se font du maraboutage. Dans la seconde, sont passées en revue les différentes catégories que l’on peut classer comme marabouts : exorcistes, devins, guérisseurs, tradipraticiens, incantateurs. Dans la troisième partie, sont exposés les formes, les techniques et les procédés du maraboutage dont les pratiques et les finalités sont très variées. Puis, il s’agit d’examiner les lieux où se pratique le maraboutage, les offrandes et les sacrifices qui l’accompagnent et à travers lesquels est recréé un environnement social et culturel. Les trois dernières parties rendent compte des principaux domaines couverts par le maraboutage : amour, sport, politique, notamment, et dans lesquels les Sénégalais investissent beaucoup. L’auteur présente ici l’aboutissement d’un long travail de terrain et de réflexions scientifiques sur le vécu angoissé des Sénégalais, et la réalité relative de leurs responsabilités individuelles. La paranoïa ainsi exposée aboutit à un phénomène de projection qui s’inscrit dans une logique magique et rend l’individu irresponsable. En conclusion, l’auteur explique que les techniques de projection sont des stratégies servant d’exutoire à une angoisse existentielle et c’est par ces procédés que les hommes cherchent à être heureux. Cette somme de connaissances et de réflexions ouvre sur un autre volet de l’histoire résolument tournée vers l’approche des mentalités. Josette RIVALLAIN

comptes rendus 309

Outre-Mers, T. 102, No 382-383 (2014)