Claire LAUX, Les théocraties missionnaires en Polynésie au XIXe siècle. Des cités de Dieu dans les Mers du Sud ?, Paris, L'Harmattan, collection Mondes océaniens, 2000, 382 p., 21 cm (9 cartes).

L'ouvrage est tiré d'une thèse de doctorat soutenue à l'université de Bordeaux III en 1998. Claire Laux s'est proposée d'analyser ce que certains Européens voyageant en Polynésie ont qualifié de « théocraties missionnaires ». Elle souligne évidemment que l'expression est loin d'être neutre et que les anticléricaux du xixe siècle l'utilisent afin de dénoncer la volonté de domination des Eglises chrétiennes. L'auteur a opéré un choix parmi les îles d'Océanie, ne retenant que celles dans lesquelles le pouvoir des missionnaires s'exerce sur un temps assez long, au niveau d'un Etat tout entier, et sans être contesté par une autre confession chrétienne. Elle a finalement retenu quatre cas de théocraties protestantes : Tahiti, Hawaï, Tonga et les îles Cook, et deux cas de théocraties catholiques : l'archipel des Gambier et les îles de Wallis et Futuna. Comparant l'évolution religieuse de six territoires différents, Claire Laux bénéficie des acquis d'études récentes, travaux en anglais sur Tonga ou encore monographie de Frédéric Angleviel sur les missions à Wallis et Futuna. Elle fait par ailleurs œuvre nouvelle, examinant notamment la situation des îles Gambier à partir des archives de la congrégation des Sacrés Cœurs de Picpus.

Dans un premier temps, l'auteur se penche sur la mise en place des théocraties. Après des réflexions assez classiques sur le personnel missionnaire, elle remarque que dans les îles retenues, des théocraties païennes en décomposition pourraient avoir favorisé l'émergence de théocraties chrétiennes. Les missionnaires sont en effet par l'imbrication qui existe dans la Polynésie primitive entre le sacré et le politique. Le tabou, interdit à la fois religieux et civil, représente ainsi une des bases de la vie publique. Les missionnaires observent par ailleurs que dans presque toutes