Couverture fascicule

Journal d'un curé de campagne. Présentation, édition et notes par Henri Platelle, 1997

[compte-rendu]

Année 1998 326-327 p. 792
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Page 792

Journal d'un curé de campagne. Présentation, édition et notes par Henri Platelle, Villeneuve-d'Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 1997, 192 p.

Le curé de Rumegies est de retour. Lorsque M. le chanoine Henri Platelle publia en 1965 aux Editions du Cerf le journal d'Alexandre Dubois, curé pendant cinquante-trois ans de ce petit village d'environ 750 âmes situé à huit kilomètres de Saint- Amand, il n'imaginait sans doute pas à quel point ce digne ecclésiastique et son journal allaient faire le tour de tous les centres historiques d'Europe et d'Amérique et les délices du public savant. Depuis longtemps épuisé, ce best-seller au succès amplement mérité vient de bénéficier d'une réédition à l'identique grâce aux bons soins des Presses Universitaires du Septentrion.

Après avoir goûté aux attraits agrestes de Rumegies grâce à une gouache reproduite en couverture des Albums de Croy, le lecteur dispose du meilleur des guides avec la sobre et riche introduction d'Henri Platelle. Il peut alors se plonger dans les 118 pages dûment annotées du journal. Il y a naturellement dans ce liber memorialis les pages demeurées célèbres sur les crises de 1694 et de 1709 dont on connaît des passages entiers par coeur à force de les avoir fait découvrir aux auditoires estudiantins de cette fin du xxe siècle. Face aux excès de la misère en 1694, beaucoup comme le curé de Rumegies devaient se sentir « las d'être au monde ». En 1709, certains ne pouvaient manquer de se demander si « le Jugement dernier serait plus effroyable »... Comme le dit non sans malice H. Platelle paraphrasant Voltaire, « on périssait de misère au son des Te Deum ». Il y a cependant infiniment plus à glaner dans ce « livre de bonne foi » que les morceaux choisis que les modernistes ont de longue date calibrés pour un usage pédagogique. Ce curé rigide, passionné, pétri de charité... et de préjugés fait pénétrer au coeur d'une humble communauté humaine et révèle sans fard les débats religieux du temps comme les joies intenses et les misères vécues par des ouailles que l'on perçoit au demeurant imparfaitement remodelés par le message de la Contre-Réforme.

Souhaitons le plus grand succès à ce journal d'un curé de campagne du Grand Siècle. Un seul regret peut-être : la bibliographie n'a pas été actualisée ; nous convenons aisément que les acquis de la recherche au cours de ces trente dernières années n'ont pas dans ce domaine fait prendre une ride aux commentaires si érudits et vibrants d'humanisme de notre collègue et ami. N'aurait-il pas été utile de signaler néanmoins aux lecteurs quelques jalons majeurs, à commencer par Les années de misère de M. Lachiver ? Je m'interroge.

Philippe Guignet