Couverture fascicule

Gillet (Olivier). Religion et nationalisme. L'idéologie de l'Eglise orthodoxe roumaine sous le régime communiste.

[compte-rendu]

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Bruxelles, Editions de l'Université de Bruxelles, 1997, un vol. in-8°, 189 p. (Collection SPIRITUALITÉS ET PENSÉES LIBRES). — La question des relations complexes et contradictoires entre l'orthodoxie et la démocratie, se trouve au centre de nombreux débats. En effet, les pays à majorité orthodoxe comme la Bulgarie, la Serbie ou la Roumanie partagent des difficultés et des lenteurs évidentes dans leur processus de transition et de stabilisation démocratique. Si quelques constatations avaient déjà été établies sur cette question, il n'existait curieusement que très peu d'analyses scientifiques sur le sujet.

L'ouvrage d'O. Gillet, qui reprend les axes principaux de sa thèse de doctorat défendue dernièrement à l'ULB, comble donc plusieurs vides importants en la matière. Il nous fournit une étude fouillée, détaillée mais néanmoins à la portée du lecteur non spécialisé dans la problématique ; une analyse et une réflexion de qualité sur les rapports entre l'orthodoxie roumaine et le régime communiste, sur les rapports généraux de l'orthodoxie et du pouvoir en place ce qui l'amènera également à étudier les rapports de l'orthodoxie au nationalisme.

Plusieurs questions clés jalonnent ainsi l'ouvrage.

Premièrement, il met en effet à notre disposition une analyse détaillée sur les relations entre le régime orthodoxe et le régime communiste roumain, question épineuse souvent peu approfondie dans l'abondante littérature sur le régime du Conducator. L'auteur retrace également les étapes des relations entre l'Eglise et le régime, dont on oublie trop souvent qu'il ne fut pas toujours la caricature sinistre et sanguinaire des dernières années.

Deuxièmement, il aborde l'importante question pour l'avenir de ces états, des relations entre démocratie et orthodoxie. A travers son organisation, ses relations avec l'Etat et son césaropapisme, l'orthodoxie ne constitue-t-elle pas un frein au processus démocratique dans l'ensemble des pays ou cette religion est dominante voire hégémonique ?

O. Gillet nous rappelle que les Eglises orthodoxes sont des Eglises nationales, indépendantes, autocéphales qui sont traditionnellement soumises à l'Etat en raison des principes séculaires byzantins qui les unissent avec l'autorité civile. Ainsi, l'absence de séparation entre l'Eglise et l'Etat de même que la fusion entre l'orthodoxie et la nation, vue d'un point de vue ethnique, impliquent des relations fortes entre le religieux et le politique et aboutit nécessairement à une instrumentalisation du premier par le second. Alors qu'en Europe - y compris en Europe centrale - on assiste rapidement à la séparation du spirituel et du temporel, ceux-ci restent intimement liés dans le modèle byzantin.

Enfin, l'auteur aborde une dernière problématique combien d'actualité : les relations entre religion orthodoxe et nationalisme. O. Gillet apporte dans ce domaine également des précisions importantes. Elles clarifient les particularités propres du nationalisme orthodoxe à travers le cas roumain. L'auteur met en effet en exergue que « le nationalisme orthodoxe offre des particularités qui le distinguent des nationalismes que l'on peut rencontrer dans les pays de l'Est où l'Eglise catholique est prépondérante et majoritaire. Non seulement ce nationalisme s'est développé dans le contexte de la lutte anti-ottomane, mais il s'est également structuré dans une ecclésiologie originale qui repose sur des fondements 'byzantins' idéalisés et conservés en dépit de l'adaptation des Etats à la modernité. C'est pourquoi le nationalisme orthodoxe ne peut être compris sans prendre en compte les fondements qui régissent les rapports Eglise/Etat tels qu'ils ont été utilisés notamment dans le cadre de l'Apostolat social et du patriotisme ». — Jean-Michel de Waele.