Couverture fascicule

L'histoire ambiguë de P. Dockes et M. Rosier

[compte-rendu]

Année 1989 40-4 pp. 737-740
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Note de lecture

Charles- Albert Michalet

Pierre Dockès, Bernard Rosier, L'histoire ambiguë. Croissance et développement en question, Paris, PUF, 1988, 335 p. (coll. « Economie en liberté »).

Ce qui rend particulièrement stimulante la lecture du dernier ouvrage de P. Dockès et B. Rosier, c'est incontestablement l'angle d'attaque qui a été choisi pour parler du développement aujourd'hui : l'historicité. Par là, ils ouvrent la voie à un renouvellement de la réflexion sur un thème pour lequel il est tentant de paraphraser le poète : « Le sous-développement est triste, hélas et j'ai lu tous les livres. »

La crise économique qui frappe si durement la plupart des pays du Sud depuis le début des années 1980, coïncide avec une crise de la théorie économique du développement. Confrontés à la croissance zéro (quand elle n'est pas négative), à l'amenuisement de la part des exportations des PED dans le commerce mondial, au freinage des investissements directs Nord-Sud (voire, dans le cas de l'Afrique de l'Ouest, des désinvestissements), à l'effondrement des cours des produits de base, au « lancinant problème » de l'endettement... les économistes restent sans voix. Ce silence est particulièrement lourd de la part des économistes hétérodoxes et, singulièrement, ceux de « l'école française » — dont les auteurs nous rappellent opportunément au passage combien ils sont redevables à la pensée de F. Perroux. Les stratégies d'import- substitution, d'industries industrialisantes, d'autocentrages, des besoins essentiels apparaissent désormais comme autant de boîtes vides destinées au magasin des accessoires. Seul, l'exemple des « Quatre Dragons » rompt avec la morosité ambiante. Si ces bons élèves n'ont pas appris leurs leçons sur les bancs du Collège de France, nos auteurs montrent néanmoins dans leur analyse de ces « success stories » que les néo-libéraux et les « Chicago boys » ne sont pas autorisés à s'approprier sans vergogne la paternité du miracle asiatique.

Le moment est donc bien venu d'une réflexion critique, d'un mouvement en retour sur les paradigmes du développement. C'est fondamentalement ce à quoi nous invite la lecture de L'histoire avibiguë. En premier lieu, on y trouvera mille bonnes raisons d'en finir définitivement avec les sempiternelles querelles de chapelles. Orthodoxes et hétérodoxes sont gentiment renvoyés dos à dos par nos auteurs. Ils procèdent sans arrogance car ils ne jugent pas au nom d'une « Vérité » nouvelle, mais en faon trän t que l'une ou l'autre école se placent finalement sur le même terrain qui n'est pas le bon : à savoir celui de 1'« économisme ». Ils proposent un décentrement du champ de l'analyse, en plaçant l'histoire au cœur. Dans cette perspective, pour l'étude du développement, l'économique n'occupe plus une position privilégiée. Il coexiste avec le social, l'institutionnel, le religieux, le culturel qui constituent autant de: dimensions de ce que nos auteurs appellent un « système-développement j>.

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Revue économique — N° 4, juillet 1989, p. 737-740.

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