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Jean-François Malherbe : Le langage théologique à l’âge de la science. (Cogitatio Fidei 129.) Paris 1985, Cerf

[compte-rendu]

Année 1986 61-3 pp. 469-470
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Jean-François Malherbe : Le langage théologique à l’âge de la science. (Cogitatio

Fidei 129.) Paris 1985, Cerf. 268 p. ISSN 0587-6036. ISBN 2-204-0227 3 X. 99F.

Dans cette vaste réflexion qui aborde simultanément les champs scientifique, philosophique et théologique l’a. s’appuie sur l’œuvre de Jean Ladrière, et en parti¬ culier sur V Articulation du Sens. A partir d’une profonde exigence de rationalité et de la conviction personnelle de la comptabilité de la foi chrétienne avec la raison critique J. -F. Malherbe cherche à asseoir, voire à renouveller, l’intelligence de la foi dans un monde qui s’interroge sur le statut des discours scientifiques et théolo¬ giques.

Après plus de trois siècles de réflexion proprement scientifique, le monde pré¬ sent est convaincu de la puissance opératoire des sciences même si, ici où là, il s’inter¬ roge encore sur le sens profond de la démarche scientifique. A côté de la science, les rapports de la théologie avec la philosophie entraînent l’a. à aborder les trois types de langages scientifique, philosophique et théologique. Lesquels, par delà leurs convergences et divergences, présentent chacun pour sa part un discours plus ou moins dégagé de la personnalité même de l’individu qui les énonce, homme de science, phi¬ losophe ou théologien. En trois chapitres aux titres éclairants ; «la volonté du scien¬ tifique », «Y intention du philosophe », «le risque du théologien » l’a. montre combien chacune de ces réflexions implique plus ou moins celui qui la mène. Ainsi les scien¬ ces prétendent à un langage d’une objectivité telle qu’elle libère presque totalement la personne de l’homme de science alors qu’à l’opposé le théologien s’implique pro¬ fondément dans sa recherche.

Ce qui est en cause c’est essentiellement la nature des langages utilisés, qui tous trois, quoique de manière différente, sont contraints à l’usage de la métaphore. Méta¬ phore qui est la conséquence d’une distance à jamais infranchissable entre l’homme qui réfléchit et l’objet de sa réflexion qui est ainsi décrit de manière approchée sans que jamais l’en-soi de cet objet puisse être atteint. A travers cette nécessité de la métaphore l’a. cherche la possibilité, non d’une synthèse, mais au moins d’une arti¬ culation de la science et de la théologie. La dimension métaphorique de toute réflexion entraînant l’impossibilité pour tout langage de représenter de manière totale et défi¬ nitive son objet, tant scientifique que théologique, demande donc toujours une inter¬ prétation. C’est ainsi que la théologie ne sera plus conçue comme une représentation doctrinale, mais comme un travail d’interprétation. Ainsi, plutôt que de s’arrêter à une foi qui ne serait que l’adhésion pure et simple à un enseignement, même révélé, la mise en perspective de la théologie avec l’esprit scientifique qui refuse tout argu¬ ment d’autorité, permet à l’a. de dépasser l’apparente incompatibilité de la foi chré¬ tienne avec l’exigence critique, en faisant du langage théologique, non plus la représentation de la foi, mais au contraire le lieu de l’émergence de son interpréta¬ tion. Interprétation toujours à reprendre à frais nouveaux pour que la vie puisse être fécondée par la foi.

Malgré cette avancée qui nous paraît grosse d’espérance l’a. semble en être à une vision d’une science bien triomphante et, pour tout dire, quand il cherche à dis¬ cerner, les faiblesses du langage scientifique il donne encore l’impression que la théo¬ logie demeure complexée devant cette science si opérante. Peut-être a-t-il raison et est-il encore nécessaire de rendre à la théologie l’audace spéculative dont elle semble

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