RAPPORT MORAL 237

Rapport moral présenté a l'Assemblée générale

le 19 mai 1979 par M. Jean Beaujeu, secrétaire général

Mesdames, Messieurs,

Permettez-moi d'abord de m'adresser, en votre nom et au mien, à notre président, M. Fernand Robert, pour lui dire notre joie de le voir aujourd'hui devant nous, présider comme à l'accoutumée notre Assemblée générale annuelle ; notre émotion a été très vive lorsque, vers la fin de février, nous avons appris l'incident inattendu qui a brusquement privé M. Robert de la vision de l'œil gauche ; immédiatement hospitalisé, il a subi, avec le courage et l'endurance dont il a donné tant de preuves au cours de sa vie, une première intervention, suivie d'une autre, quelques semaines plus tard ; nous savons bien, cher Monsieur le Président, que le plus pénible pour un homme aussi actif que vous, ce n'est ni la douleur ni la gêne — heureusement momentanées — , mais cette immobilisation forcée, cette obligation impérieuse d'arrêter, puis de ne reprendre qu'au ralenti la lecture, le travail, en particulier la gestion de notre Association ; vos collaborateurs ont beau faire de leur mieux pour pallier votre absence, vous avez beau enfreindre les consignes de la prudence pour assumer l'essentiel de vos responsabilités, les choses ne vont pas aussi bien. Ce n'est donc pas seulement en vertu de notre amicale sympathie et de notre affection respectueuse que nous vous souhaitons complet et prompt rétablissement, mais aussi dans l'intérêt de notre Association, qui doit être aujourd'hui notre souci majeur.

C'est également pour raison de santé que Jacques André, qui dirigeait depuis de longues années notre Collection latine, a dû renoncer, sur la recommandation expresse du corps médical, à exercer plus longtemps cette charge ; la qualité de nos éditions et le rythme de leur publication doivent beaucoup à sa compétence, à son autorité souriante et au crédit dont il jouit auprès des savants français et étrangers ; qu'il trouve ici l'expression de notre profonde reconnaissance et le souhait ardent qu'à défaut d'assurer plus longtemps la direction de notre Collection latine, il continue à l'alimenter régulièrement de ses apports personnels, déjà si nombreux et si remarquables ! Il n'était pas facile de succéder à un érudit aussi éminent que Jacques André : mais, depuis dix mois, Paul Jal a fourni la preuve que l'Association Guillaume Budé et la Société d'édition « Les Belles Lettres » ne pouvaient faire meilleur choix que celui de cet homme au jugement sûr et à la délicatesse souriante, qui s'est acquis l'estime du monde savant par des travaux de premier ordre, en particulier ses éditions de Florus et de Tite-Live dans la Collection des Universités de France, modèles de rigueur et d'élégante érudition.

Au risque de jeter une ombre de tristesse sur cette séance, je ne puis passer sous silence le récent événement qui est venu endeuiller le Bureau, le Conseil d'administration et l'Association tout entière : le fils de Jean Malye, Jean-Pierre Malye, directeur commercial de la Société d'édition « Les Belles Lettres », ami fidèle qui ne ménageait à notre Association ni son temps ni sa peine, qui participait activement à nos réunions, à nos congrès,