Une lueur d'espoir

Lech Walesa Fayard, Paris, 1987, 606 pages

« Le dimanche 17 août, Walesa, tel Simon de Cyrène, prit sur ses épaules une croix de bois et la porta devant l'entrée (des chantiers navals de Gdansk) jusqu'au lieu où l'on prévoyait d'élever à l'avenir le Monument » (aux victimes de la grève de 1970). Ce témoignage d'un écrivain qui prit part aux événements de 1980 rend assez bien compte du ton de cette autobiographie qui risque de surprendre le lecteur français : habitué à des catégories politiques largement laïcisées, il se demande si Solidarité a été un mouvement socialiste ou pas. On se souvient des plaisanteries douteuses qu'un illustre invité d'Apostrophes crut bon d'émettre sur les « curetons » qui entouraient Walesa. Or, ce que démontre ce livre massif écrit dans un style direct et simple, c'est justement la dimension chrétienne du mouvement polonais : le but était d'instaurer un « ordre nouveau... C'était un ordre sans vodka... C'était un ordre avec le pape : son portrait fut suspendu à l'entrée dès le premier jour de grève. Avec la croix, accrochée dans la grand-salle où se trouvait toujours, reléguée dans un coin, une énorme sculpture représentant Lénine. Un ordre imprégné de toutes nos valeurs chrétiennes, à l'image de la Pologne ».

De cet ordre à venir, Walesa est le prophète. Sans chercher à paraître modeste, il évoque dès les premières pages le caractère exceptionnel de sa destinée : « c'est paradoxalement du fait que je ne l'ai pas vraiment souhaité, que j'étais absorbé par d'autres préoccupations, d'autres problèmes à résoudre que je me suis retrouvé en tête du troupeau. Aujourd'hui, je n'ai