LA COLONISATION CHALCIDIENNE ET L'HELLÉNISATION DE LA SICILE ORIENTALE *

La colonisation chalcidienne, on le sait, a donné le branle à l'ensemble de la colonisation grecque en Occident; ce sont les Chalci- diens qui, sans doute, furent les premiers de tous les Grecs à prendre contact avec les indigènes installés, de manière assez sporadique semble-t-il, sur les côtes orientales de Sicile. Pourtant leur installation fut suivie de trop près par celle des Doriens pour que l'on puisse supposer qu'ils avaient eu le temps déjà d'entreprendre vers l'intérieur une quelconque pénétration : les influences doriennes et chalci- diennes dans l'île s'exerceront donc de façon contemporaine; en effet, après qu'Archias eut chassé les indigènes sicules pour installer dans Ortygie les colons venus de Corinthe, les Syracusains, remontant la haute vallée de l'Anapos, fondaient de véritables établissements coloniaux et militaires, comme Akrai et Casmenai; enfin, redescendant vers la côte sud, ils s'établissaient à Camarine, tout au début du VIe siècle. Mais partout leur passage se marquait par des installations de type purement grec (Akrai1, Monte Casale - probablement Casmenai2, - Akrillai, Scornavacche) et par la disparition de toute trace de la civilisation de ces indigènes qui, pourtant, étaient encore présents au début de la colonisation aux environs de Syracuse (Finocchito).

Nous ne reviendrons pas sur les problèmes concernant la pénétration grecque dans le Syracusain, puisqu'ils ont été récemment traités dans cette même revue par A. Di Vita3. Constatons simplement la présence de deux zones d'aspect différent : l'une, englobant la majeure partie de l'arrière-pays de Syracuse et où les indigènes, sans doute réduits en servage - ce sont les Cyllyriens déjà mentionnés par Hérodote4, - n'ont plus aucune existence civilisée5; l'autre, encerclée par cette ceinture de colonies et de postes syracusains, fortement en-