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L'Empire du sport. Les sports dans les anciennes colonies françaises. Catalogue de l'exposition d'Aix-en-Provence, mai-juillet 1992

[compte-rendu]

Année 1994 303 p. 209
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COMPTES RENDUS 209

L'Empire du sport. Les sports dans les anciennes colonies françaises. Catalogue de l'exposition d'Aix-en-Provence, mai-juillet 1992. — Aix-en-Provence, AMAROM, 1992. — 22 cm, 76 p., ill.

L'histoire des sports a maintenant trouvé sa place légitime dans l'histoire des mœurs. En 1991, la section d'histoire moderne et contemporaine du 116e Congrès national des Sociétés savantes l'avait mise à son programme. Les actes récemment publiés montrent la richesse du sujet — sans l'épuiser (Jeux et sports dans l'histoire, Paris, 1992, 2 vol., plus de 700 p. en tout). La belle exposition d'Aix-en-Provence, organisée par le Centre des archives d'outre-mer avec la collaboration de l' AMAROM 1 a contribué à faire connaître l'histoire du sport dans les colonies françaises. Le catalogue, très agréablement présenté, donne une bonne idée des 126 documents exposés ; une cinquantaine sont reproduits. Daniel Hick, principal artisan de l'exposition, a rédigé l'introduction et de nombreuses notices très documentées. On aura plaisir à lire aussi de courtes mais denses communications, par exemple sur Vichy et la propagande par le sport aux colonies, par Jean-Louis Gay-Lescot, ou sur les Jeux d'outre-mer, « La dernière bataille de Pierre de Coubertin », par Bernadette Deville-Danthu.

Ce sont naturellement les Européens qui ont d'abord pratiqué le sport, une de ces activités mondaines qui permettaient aux expatriés de se retrouver entre soi et de se divertir comme en métropole. Peu tentés de se mêler à eux si on les y avait invités, les autochtones en auraient été dissuadés par le coût des cotisations de clubs comme ceux de tennis. Seulement des courses hippiques notamment, ils avaient leurs propres distractions traditionnelles que les colonisateurs voulaient ignorer. Mais l'armée accoutume progressivement les recrues indigènes à la gymnastique, aux jeux de ballon, elle fournit aux écoles des moniteurs et forme aux sports les instituteurs. Par l'armée et l'école, la gymnastique et les sports occidentaux parviennent donc aux colonisés. Après la Grande Guerre surtout, l'administration les encourage à les pratiquer, y voyant un moyen d'améliorer la santé et le sens de la discipline de travailleurs et de futurs soldats et une façon habile de les détourner d'influences et d'organisations dangereuses. Mais les matches publics finissent par avoir un tel succès et les grands sportifs autochtones une telle popularité, internationale parfois, que les autorités en viennent à redouter que les associations sportives des autochtones ne servent d'écrans pour des activités subversives, à tort le plus souvent, Algérie mise à part.

Parmi les sports individuels les plus pratiqués par les Européens et par les indigènes, on trouve surtout le cyclisme, la boxe et l'athlétisme. La natation pâtit de la rareté des piscines. Depuis les années 1920, le football est comme en métropole le sport collectif le plus L'automobile est absente du catalogue car elle avait fait l'objet déjà d'une exposition en 1988. En revanche les sports d'hiver ne sont pas oubliés, ils ont servi la propagande en Algérie et au Maroc.

L'exposition a confirmé la légitimité de l'entrée de l'histoire du sport dans la « grande histoire ». Sans bouleverser ce qu'on savait déjà, elle en a donné de nouvelles illustrations. Ainsi les deux ensembles coloniaux les plus gâtés en matière de sport ont été ceux qui par l'ancienneté de l'entrée dans l'empire, le nombre des Européens et le volume des étaient les plus chers aux Français, le Maghreb et l'Indochine. Et, tout en se faisant l'écho de l'évolution de la politique sportive métropolitaine, celle de la colonisation a voulu intégrer le sport dans ses pratiques d'encadrement, de surveillance et de séduction des colonisés.

Yvan G. PAILLARD

1 . Association des amis des Archives d'outre-mer, éditrice du catalogue (toujours disponible).

Rev. franc, d'hist. d'outre-mer, t. LXXXI (1994), n° 303.