Couverture fascicule

Claude Thiry. La plainte funèbre

[compte-rendu]

Année 1981 35-1 pp. 136-137
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• Claude Thiry. La plainte funèbre. Turn- hout, Brepols, 1978, 90 p. (Typologie des du Moyen âge occidental, 30).

Le présent ouvrage répond parfaitement aux buts fixés par la collection Typologie des sources du Moyen âge occidental : il délimite et analyse un type particulier de sources historiques — la plainte funèbre — et établit les règles critiques indispensables à de ces sources. Il s'accompagne en outre d'une bibliographie commentée intéressante, qui retiendra de tous les curieux d'histoire littéraire médiévale.

En préambule de ce livre concis, mais l'a. définit le genre littéraire de la plainte funèbre et met en valeur les facteurs d'évolution de ce type d'oeuvres. Refusant l'usage du terme planctus, inadéquat pour désigner la plainte funèbre en raison de sa valeur sémantique trop générale et de sa historique très marquée (directement liée à la littérature latine), C. T. prouve que le moyen d'identification de la plainte repose sur des caractères de contenu plutôt que sur des critères de forme, puisque les déplorations funèbres ont toujours pour sujet le regret sur la mort fâcheuse d'un grand personnage, mais qu'elles ne s'inscrivent pas dans un moule formel spécifique.

Examinant l'évolution du genre, l'a. établit le fait que le recul progressif du chant lyrique au profit du dit se déroule parallèlement à

l'allongement des œuvres, lui-même lié à des thèmes et à de l'intérêt du public pour les faits D'autres facteurs, des facteurs exercent une influence déterminante sur l'évolution de la plainte funèbre. On tout d'abord que le choix des qui reçoivent des éloges est et qu'il renvoie aux structures mentales et sociales d'une époque, le personnage jugé digne de passer à la postérité représentant l'essence des qualités qu'une société, à un donné de son développement, entend léguer aux générations futures. On notera aussi que les attitudes des hommes devant la mort se manifestent partiellement par que les contemporains réservent aux circonstances d'un décès ; celles-ci, héroïques ou édifiantes, fournissent dans certains cas de réels motifs de consolation. Enfin, l'a. signale que la déploration, en prenant une orientation politique ou idéologique, revêt quelquefois les allures d'un poème engagé ou didactique, se voue à la promotion d'une cause ou intervient dans les conflits et les querelles du temps.

Dans la troisième partie de son ouvrage, C. T. examine de manière détaillée les de caractère historique susceptibles d'être transmises par le genre littéraire de la plainte funèbre. Il montre avec finesse et rigueur qu'outre des renseignements sur la personnalité du défunt, sur les circonstances de sa fin ou sur sa carrière (ce qui a pour effet de conférer à certains poèmes l'allure de versifiées), la déploration funèbre à l'historien moderne des éléments sur la vie intellectuelle d'une et sur ses mouvements d'opinion. Les œuvres littéraires qui relèvent de ce genre traduisent d'ordinaire l'image qu'une période historique se forge de la mort et, dans certains cas, contribuent à la diffusion des idées du personnage célébré, avec le risque non que les positions intellectuelles ou de ce dernier soient idéalisées. L'étude diachronique des éloges funèbres dans la révèle ainsi de manière explicite les aspirations d'une société et le portrait nuancé qu'elle trace de son élite. Dans cette l'examen de telles œuvres, parfois utile pour l'histoire événementielle, constitue un soutien fécond à l'historien des mentalités.

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