Thèse soutenue

L'éducation des filles chez les romancières au siècle des Lumières

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Auteur / Autrice : Stéphanie Miech
Direction : Roger Marchal
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance le 16/11/2007
Etablissement(s) : Nancy 2
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Langages, Temps, Sociétés (LTS) (Nancy-Metz)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Roger Marchal, Luc Fraisse, Éric Francalanza, Lise Sabourin

Résumé

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La réflexion que mènent les Lumières avec enthousiasme sur la société et leur constat de la dégradation des moeurs les conduisent à s'interroger sur l'éducation, et plus particulièrement sur celle des filles, ces futures mères qui formeraient les hommes d'une société nouvelle. En marge des discours, les femmes s'emparent d'une question qui leur tient particulièrement à coeur, et voient, dans la création romanesque un formidable outil pour exprimer leurs critiques, leurs théories et leur idéal, mais aussi leurs espoirs déçus, leurs rêves inassouvis et leurs griefs contre les hommes et contre une société qu'elles jugent injuste dans le traitement inégal qu'elle réserve aux deux sexes. Leur réflexion sur l'éducation et sur le rôle et la place de la femme dans la société trouve un appui solide chez les philosophes et les théoriciens de l'éducation : saint François de Sales, Fénelon, Mme de Maintenon, Mme de Lambert, et plus tard Rousseau et les philosophes vinrent nourrir leurs idées qui s'enrichissent encore des débats qui animent les salons dont elles sont souvent les dignes animatrices. Les héroïnes des contes, nouvelles, romans qu'elles imaginent sont nourries de l'idéal classique, et, progressivement à l'ensemble des vertus d'une morale chrétienne teintée de stoïcisme elles joignent des faiblesses qui les rendent plus humaines. Tout au long du siècle et au-delà, nombre d'entre elles se distinguent par leur héroïsme et leur volontarisme : actives et énergiques, elles luttent efficacement contre l'adversité et prennent en main leur destin avec courage. Vers la fin du siècle, les femmes auteurs s'interrogent sur la morale du devoir, et réclament une morale plus humaine. La question du mariage constitue un thème de choix qui permet aux romancières d'exposer leur vision de l'amour, et sert de tremplin à une critique des moeurs qui font de la jeune fille un objet de marchandise, et de la femme une mineure démunie de droits et de biens dans l'adversité. Toutefois, le féminisme des romancières reste teinté d'ambiguïté et se révèle encore timide. Soumises au poids des bienséances et de l'opinion, imprégnées par la morale chrétienne, et plus tard déçues par la Révolution et ce qu'elles en attendent pour leur sexe, elles souhaitent plus d'égalité entre les hommes et les femmes, des relations appaisées dans le couple et un respect de leur personne. En fait de féminisme, elles se replient, pour se défendre contre les méfaits masculins, sur une solidarité féminine qui constitue une marque originale dans la littérature romanesque des Lumières.