Couverture fascicule

Stephen A. Graubard. — Mr. Bush's War: Adventures in the Politics of Illusion ;
John R. MacArthur. — Second Front: Censorship and Propaganda in the Gulf War

[compte-rendu]

Fait partie d'un numéro thématique : Le drapeau américain
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Stephen A. GRAUBARD. — Mr. Bush's War : Adventures in the Politics of Illusion. London : I.B. Tauris, 1992. XVI + 208 p. £ 14.95.

John R. MACARTHUR. — Second Front : Censorship and Propaganda in the Gulf War. New York : Hill and Wang, 1992. VIII + 260 p. $ 30.

Ces deux livres se distinguent des nombreux ouvrages sur la guerre du Golfe. Le premier de l'historien réputé de Brown University se cantonne dans le déroulement linéaire des présidences républicaines depuis 1981 pour expliquer les faits et les motivations de la crise par la complète ignorance, voire l'incompétence de Reagan et même de Bush en politique étrangère. Ils prêchaient l'effort au nom d'une morale qu'ils violèrent en Iran puis en Irak. Leur obsession d'effacer le passé démocrate pour recréer l'hégémonie américaine les fit reconstituer une puissance militaire essayée dans les opérations éclair à la Grenade puis au Panama. Mais les ratés de l'exécution dissimulés à l'opinion publique ne devaient être connus coup quand leur charge politique aurait été éventée sans dommages pour la Maison Blanche. La guerre du Golfe se présente donc comme une extension de ces répétitions générales. Dans le dernier chapitre, Graubard démontre comment la télévision contrôlée et manipulée reconstruisit les événements militaires d'autant plus victorieux que le rapport des forces réelles assurait l'avantage à une coalition imposée et dirigée unilatéralement depuis Washington : l'URSS, paralysée dans ses remous intérieurs d'alors, n'émettait que des remarques ignorées.

Publisher de Harper's, MacArthur complète et dépasse Graubard dans le domaine des manipulations de l'opinion publique par les médias. Ils étaient soumis au Pentagone qui voulait les punir de leur prétendue responsabilité dans l'échec américain au Vietnam. Certes ils ne parlent pas de censure hermétique répudiée par principe, mais ils l'acceptent de fait en participant aux « pools » de reporters sous la coupe des militaires : pour eux, il s'agit de satisfaire afin de les conserver les lecteurs et les téléspectateurs, leurs clients ! MacArthur ne relève chez Bush qu'une détermination à tromper en manipulant : la victoire lui assurera sa en 1992 ! D'où une série de bobards : dépositions de prétendus témoins oculaires, aux Etats-Unis depuis des années — travestissement en crime irakien de l'abandon de bébés par le personnel des maternités koweitiennes, etc. A de rares exceptions, les médias, par veulerie ou pure malhonnêteté, ont contribué activement à cacher les résultats de cette guerre que MacArthur appelle Desert Muzzle : ils ne se souciaient que de tirages, de taux d'écoute, de chiffres d'affaires, comme Dan Rather cité par MacArthur (216) en fait l'amère remarque. Mais Graubard s'est fait prophète : « Ronald Reagan already belongs to the past, George Bush will join him in oblivion » (201). Voilà deux livres qui préfacent une longue série de révélations sur les dessous et les péripéties de la crise du Golfe.

Université Paris X-Nanterre Pierre Lepinasse