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Rétrospective «Mario Camerini» au festival de Locarno (août 1992)

[compte-rendu]

Année 1993 13 pp. 109-110
Fait partie d'un numéro thématique : Blum Byrnes – L'arrangement 1945-1948
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RÉTROSPECTIVE «MARIO CAMERINI » AU FESTIVAL DE LOCARNO (AOÛT 1992)

Oui, il était présent à Locarno, Mario Camerini, en ce sens qu'à chaque projec¬ tion des films de la rétrospective qui lui était consacrée, les applaudissements nombreux, les larmes furtives, les rires sonores aux moments justes, les ovations enthousiastes venues d'une masse de spectateurs souvent jeunes, n'ont pas seu¬ lement fait ressurgir l'orgueil vital de l'inoubliable cinéaste que j'ai eu la chance de connaître, mais ont contribué, pour nous, à reconstituer en partie le climat des temps anciens où ses films eurent du succès : la queue à l'entrée, l'angoisse dans la quête d'une place, l'attente de revoir les stars préférées, la joie de les retrou¬ ver dans des rôles éclatants, l'identification aux personnages, les intrigues, la reconnaissance du style, du rythme, du coup de patte de Camerini. Bien sûr, les spectateurs du Festival ont aujourd'hui d'autres appétits intellectuels, mais ils ne paradent pas avec cette ironique supériorité qui, dans d'autres rétrospectives (Venise par exemple), enterre sans phrases le cinéma d'antan.

Camerini a confirmé sa maîtrise dans deux époques aussi différentes que carac¬ téristiques du cinéma italien : les années trente et les années cinquante (cf. dos¬ sier dans Positif n° 301, mars 1986). Époques de renaissance de la production et de propagation euphorique des genres populaires. Si Camerini préfère la comédie de mœurs, dans la décennie de son ascension et de sa consécration, c'est parce qu'à son avis elle représente la réaction la plus naturelle pour se rire des rhétori¬ ques fascistes. Après guerre, il tire avantage des nombreuses occasions d'expan¬ sion internationale. En fait, si dans II cappella a tre punte {Le tricorne, 1934) il était arrivé à ciseler, se moquant de la censure, une très irrévérente satire de la dictature, utilisant la popularité des frères Peppino et Eduardo De Filippo et un scénario aiguisé de Ercole Patti, Ivo Perilli et Mario Soldati, il reprend la même histoire du XIXe siècle signée Pedro de Alarcon dans un remake, La bella mugniaia (Par-dessus les moulins, 1955) et y exploitent génialement le charme érotique du trio Sophia Loren, Marcello Mastroianni et Vittorio De Sica, pour composer une féroce satire des hypocrisies sur le sexe et la religion, typiques de la restau¬ ration démocrate-chrétienne. De Sica comme Fellini seront ses débiteurs : mais la liste des «élèves » directs ou non de Camerini comprend environ les trois quarts du cinéma italien. Dans l'introduction au beau catalogue Mario Camerini (Édi¬ tions Yellow Now / Éditions du Festival International de Locarno, 288 pp., illustr. ) le directeur de l'ouvrage, Alberto Farassino, souligne la plus grande générosité expressive du cinéaste dans sa période d'après guerre, son goût pour l'accumula¬ tion de situations grotesques, de personnages secondaires. Il ne s'agit pas d'orne¬ ments spectaculaires gratuits mais bien d'efforts conscients pour refaire, en mieux, avec des moyens remis à jour, ce qu'il avait accompli dans sa première période. Par exemple, cette esquisse méconnue, comico-intimiste, Primo amore (Premier amour, 1959) actualise les escarmouches sentimentales du chef d'œuvre Gli uomini che mascalzoni (Les hommes quels mufles, 1932). On y retrouve, intact, enre les jeunes protagonistes, ce plaisir joyeux, animé (cinétique ! ), cette jouis¬ sance de l'instant éphémère où nous vivons.

Le catalogue offre entre autres un tableau de la genèse d'Ulysse (1954), confié

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