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Le personnel d’une société savante russe à l’époque soviétique

Cédric Pernette

Maître de conférences en langue et civilisation russes, Université Paris-Sorbonne

Le 12 août 1930, Vasilij Fëdorovič Karpyč, membre du parti communiste fraîchement élu à la tête du Bureau central des études régionales en Union soviétique, publie dans les

Izvestija un très long article consacré au problème de la place des études régionales dans le contexte du Grand Tournant stalinien. La première phrase de ce texte est très éloquente quant aux intentions du pouvoir : «Nous ne pouvons supporter plus longtemps la situation d’isolement1 dans laquelle se trouve le mouvement des études régionales. » Plus loin, il écrit :

«Au moment où le socialisme est en train de mener une offensive généralisée, nous ne pouvons laisser de côté cette organisation énorme. Il faut que nous réfléchissions aux mesures à prendre. Nous devons conquérir et prendre la direction du mouvement des études régionales2. »

Cet article, on le voit, n’est autre qu’une déclaration de guerre aux dizaines de milliers de chercheurs de province, les kraevedy (littéralement : «les connaisseurs de leur terroir » ). M. Karpyč lui-même évalue à près de quatre-vingt mille le nombre de ces savants (mot, soit dit en passant, qu’il n’utilise qu’en le mettant entre guillemets), évoluant dans quelque deux mille organisations savantes de très diverses envergures. Le fait que le pouvoir stalinien ait jugé indispensable de signer cette déclaration de guerre dans le premier quotidien de l’Union des républiques socialistes soviétiques en dit long sur les enjeux pour lui de la reprise en main des études régionales soviétiques. Il démontre que, dès son établissement, le régime totalitaire de Staline avait vu en ces organisations d’érudits locaux une réelle menace pour son intégrité. Dans ces conditions, il n’avait pas d’autre choix que celui de tout mettre en oeuvre pour les réduire au silence. Pour comprendre l’hostilité du pouvoir soviétique à l’encontre des acteurs des études régionales, il convient de se pencher sur plusieurs questions. Tout d’abord, qui étaient ces hommes et ces femmes qui, aux quatre coins du pays, consacraient toute leur activité à la collecte, la conservation et la diffusion du savoir local ? Quelles étaient leur origine, leur formation, leurs motivations ? Dans quels cadres, au sein de quelles structures évoluaient-ils ? Quels sujets développaient-ils, quelles problématiques étaient les leurs ? Je propose, dans cet article, de m’arrêter plus particulièrement sur le profil des érudits locaux, sur leur personnalité : cette approche est la plus à même de donner à comprendre en quoi ces personnes étaient senties comme un danger potentiel par le pouvoir. C’est une étude de cas qui nous permettra de répondre à ces interrogations. Aussi consacrerai-je cette intervention à l’étude du personnel de l’une des plus remarquables sociétés savantes russes du premier tiers du xxe siècle : la Société scientifique de Kostroma pour l’étude de la région (dont l’acronyme russe est KNO). Fondé en 1912 dans la ville de Kostroma, chef-lieu d’une région située à environ 300 kilomètres au nord-est de Moscou, ce groupement est rapidement devenu une sorte de modèle pour tous les érudits de la province russe.

1. Comprendre «d’indépendance » . 2. V. F. Karpyč, «O kraevedčeskom dviženii » .

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