Couverture fascicule

Baudouin Van Den Abeele, Texte et image dans les manuscrits de chasse médiévaux, 2013

[compte-rendu]

Année 2014 172-3 pp. 268-269
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pourrait, à partir de l’exemple de la cathédrale de Limoges, se faire une idée du vitrage d’une grande église construite autour de 1300. Tant par le nombre de vitraux que par l’importance des ensembles conservés, le xVe siècle apparaît comme l’âge d’or du vitrail dans les deux régions. En Auvergne, les grandes étapes du développement furent marquées par les verrières du choeur de l’ancienne abbatiale de Souvigny, de la Sainte-Chapelle et de l’église Notre-Dame-du-Marthuret à Riom et, enfin, de la cathédrale de Moulins. En Limousin, les vitraux de l’ancienne collégiale d’Eymoutiers forment un ensemble extraordinaire, contemporain des vitraux des chapelles latérales de la cathédrale de Bourges (1450-1475), de ceux de la chapelle d’axe de la cathédrale d’Évreux (1467-1469) ou du choeur de l’église paroissiale de Caudebec-en-Caux (ca. 1460-1470). Les vitraux de Souvigny, bien datés par le contrat passé en 1439 avec le peintre verrier Jean Château, ont été très peu étudiés jusqu’à présent. M. Hérold en a dressé le premier catalogue critique et ouvert des pistes pour de futures recherches. Avec raison, il propose de relier deux verrières de la cathédrale de Moulins réalisées entre 1440 et 1450 et celles du choeur de Souvigny, et tranche la question de la contribution du Maître de Moulins, Jean Hey, au vitrage de la cathédrale de Moulins : la seule verrière conservée dans laquelle la main de celui-ci peut être reconnue est celle commanditée par Charles Popillon vers 1500. il a probablement aussi fourni des modèles pour les vitraux des fenêtres hautes du choeur (1500-1510), mais ceux-ci sont trop restaurés pour pouvoir être attribués à un artiste précis. Le nom des peintres verriers qui ont créé dans les années 1480 les célèbres vitraux des chapelles orientales du choeur de la cathédrale, notamment la crucifixion du cardinal Charles de Bourbon et le vitrail de la famille Petidé, ne sont pas connus. M. Hérold souligne avec raison que les artistes de Moulins se sont appuyés sur des modèles néerlandais diversement assimilés – phénomène que l’on peut également observer dans les vitraux de Riom, notamment ceux de la Sainte-Chapelle et l’Annonciation de Notre-Dame-du-Marthuret, créés par un atelier de Bourges entre 1450 et 1460. Le très bel ensemble de l’ancienne collégiale d’Eymoutiers semble ressortir d’un langage artistique local qui pourrait être caractéristique de Limoges. Toutefois, peu de vitraux de la même époque étant conservés dans la région (on ne peut guère citer que deux verrières légendaires dans l’église de Saint-Micheldes-Lions à Limoges, datées de 1455), il est difficile d’établir la chronologie des verrières d’Eymoutiers. Selon deux bulles papales de 1475 et 1477 dont les originaux sont perdus, la construction du nouveau choeur dura plus de 20 ans. Les réseaux des fenêtres renvoient au troisième quart du xVe siècle, plus précisément aux alentours de 1470. En l’occurrence, les études sur le vitrail et sur l’architecture convergent : il est d’autant plus regrettable que les résultats des unes et des autres n’aient pas été confrontés dans le présent volume. Contrairement à ce que l’on peut constater dans les régions du nord de la France, où plus de la moitié des vitraux anciens conservés datent du xVie siècle, seul un petit nombre d’oeuvres de cette époque est préservé dans les édifices d’Auvergne et du Limousin. Pourtant les vitraux de la chapelle de Vic-le-Comte (1524) et la rose nord de la cathédrale de Limoges (vers 1525) comptent parmi les oeuvres importantes du vitrail français de la Renaissance. En Auvergne, où plusieurs ensembles issus de la manufacture royale de Sèvres sont conservés (dans la cathédrale de Saint-Flour et dans la chapelle du château de Randan), le renouveau du vitrail au xixe siècle, s’est manifesté précocement. Les ateliers d’Émile Thibaut et d’Étienne Thevenot, fondés à Clermont-Ferrand dans les années 1830, comptent parmi les plus anciens en France. Les deux artistes ont non seulement joué un rôle éminent dans la création de nouveaux vitraux, mais aussi dans les restaurations qui, aujourd’hui, affectent l’apparence d’un grand nombre de verrières de la région, notamment à la cathédrale de Clermont-Ferrand et à la Sainte-Chapelle de Riom. Jean-François Luneau, l’un des rares spécialistes du vitrail du xixe siècle, a contribué au recensement des vitraux de l’Auvergne pour certaines notices du catalogue, mais aussi pour le chapitre d’introduction sur le xixe et le début du xxe siècle. À Limoges, il fallut attendre le tournant du xxe siècle pour voir s’établir un atelier important, celui de Francis Chigot, qui reçut également des commandes pour des édifices situés hors de la région. Comme les ateliers de Clermont-Ferrand, celui de Chigot s’est fait une renommée aussi bien dans la création que dans la restauration des vitraux anciens. Malgré quelques lacunes dans la présentation de l’histoire architecturale des édifices, souvent importante pour dater les vitraux, les quatre auteurs ont accompli un excellent travail de recherche, qui révèle un patrimoine vitré jusqu’à présent injustement délaissé. il va sans dire que le volume constitue une étape décisive pour les futures recherches sur le vitrail en France. Brigitte Kurmann-Schwarz enluminure

Baudouin VAN deN ABeeLe, Texte et image dans les manuscrits de chasse médiévaux,

Paris, Bibliothèque nationale de France, 2013, 24 cm, 128 p., 38 fig. en n. et bl., 29 fig. en coul. -IsBN : 978-2-7177-2559-9, 35 €.

(Conférences Léopold Delisle) issu d’une série des Conférences Léopold Delisle tenues à la B. n. F. en décembre 2005, ce petit ouvrage offre à la fois une synthèse impeccablement organisée, un très précis état de la question, et une solide base documentaire, sur un domaine qui retient très justement l’intérêt des chercheurs au carrefour de plusieurs domaines, mais passionne aussi de nombreux amateurs éclairés. B. Van den Abeele étant, de loin, l’un des meilleurs spécialistes de ce champ de la culture médiévale, l’ouvrage est essentiel, et rendra d’immenses services. Un premier chapitre présente la typologie, la genèse et la diffusion de ces textes, depuis leur apparition au xe siècle, jusqu’au début du

xVie siècle. Du xe au xiie siècle, il s’agit surtout de traités de chasse relativement brefs, et contenus dans des recueils techniques ou scientifiques abordant des questions plus vastes (médecine, hippiatrie…). Se développent ensuite des manuscrits de chasse exclusivement consacrés à ce sujet, le premier en date qui nous soit parvenu étant le fameux De arte venandi cum avibus de Frédéric ii de Hohenstaufen (Vatican, ms Pal. lat. 1071), vers 1250-1266. Ce n’est pas un hasard, car les traités de chasse médiévaux concernent principalement la fauconnerie, ou chasse au vol, et qui utilise d’autres oiseaux que le faucon. C’est un genre nouveau, car il n’existait pas de modèles antiques, la chasse au vol n’étant pas pratiquée dans le monde classique grec et romain, mais ayant été introduite par les Germains à la fin de l’Antiquité. Les plus anciens textes de ce genre sont consacrés aux soins des oiseaux de fauconnerie, suite de recettes thérapeutiques qui attestent de la grande valeur qui était accordée à ces animaux, souvent achetés fort cher, importés de loin, et objets d’un patient et long dressage. À partir du xiiie siècle, les traités se mettent à considérer les aspects ornithologiques et techniques. D’autres traités, moins nombreux, traitent de la vénerie ou chasse à courre, du soin des chiens de chasse, de la chasse à l’arc (l’art de «berser » ). Le piégeage fait l’objet de longs développements, mais cela apparaît tardivement dans la littérature, surtout au milieu du

xiVe siècle, car cette chasse du pauvre était mal considérée. La tradition cynégétique médiévale occupe une place solide dans la culture écrite, avec près de cinq cents manuscrits conservés, Bibliographie

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