EMBRYONS, FEMMES ET POUVOIR MEDICAL

Le problème examiné ici est le suivant : la production et la conservation d’embryons humains au laboratoire, et les configurations de pouvoir (les lieux, les formes, les acteurs) qui les régissent, remettent-elles en question le type de pouvoir que la loi Veil reconnaissait aux femmes sur leur conceptus in utero ?

Notons aussitôt combien ce type d’interrogation témoigne des changements anthropologiques majeurs auxquels nous assistons. L’histoire est certes jalonnée de discussions sur la question de savoir si et quand l’embryon possède une âme, une histoire ponctuée d’oppositions, voire de condamnations ou de complicités avec les femmes cherchant à limiter le nombre de leurs grossesses et enfantements. Mais tous ces discours, pratiques et réglementations -et c’est encore le cas de la loi Veil en 1975 -concernaient exclusivement des foetus se développant à l’intérieur du ventre d’une femme enceinte. Ici, il sera question des embryons in vitro produits à l’aide des nombreuses techniques de procréation artificielle (parmi lesquelles la fécondation in vitro -FIVETE -est la plus connue) proposées à des femmes qui, déclarées stériles, cherchent à avoir un enfant. Très peu d’années après le vote de la loi Veil en France -puisque c’est en 1982 qu’est né en France le premier bébé après recours à la FIVETE -la mise en oeuvre des processus de fécondation (autrement dit, de production d’embryons) hors du corps féminin, modifie totalement l’ensemble du problème. Ainsi, les perspectives, la forme des questions et la configuration du pouvoir de décision (du devenir des embryons) sont redéfinies.