Paul M.

SNIDERMAN,

Philip E. TETLOCK

& Edward G. CARMINES, eds. Prejudice, Politics and the American

Dilemma.

Stanford : Stanford

UP, 1993.339 p.

Cinquante ans après sa publication originale en 1944, le livre de Gunnar Myrdal, An American Dilemma, continue de dominer la théorisation de la question raciale, alors même que la réalité sociale et politique des États-Unis a profondément changé. Les auteurs de cet ouvrage collectif, venus d'horizons divers sociologues, politologues), se proposent de faire un bilan d'une question devenue complexe et multiple. Le concept de dilemme était à leur sens inadéquat pour décrire, dans l'après-guerre, un conflit ouvert entre d'une part, l'adhésion aux idéaux fondateurs de la nation américaine et d'autre part, la des pratiques discriminatoires et ségrégationnistes. Aujourd'hui, il semble, moins qu'inopérationnel, tardivement : être en faveur politiquement d'un engagement étatique dans la lutte contre les inégalités entre groupes raciaux pose un réel dilemme, c'est-à-dire une contradiction irréconciliable entre valeurs de l'idéologie dominante. Les articles les plus pour le public américaniste français (Sniderman et al., Carmines et Merriman) décrivent la fondamentale ambivalence des Américains à rencontre de l' affirmative action, et plus de toute forme d'intervention gouvernementale. La conceptualisation de Myrdal est là dépassée, puisque les idéaux de la démocratie américaine servent aujourd'hui à légitimer non plus les défenseurs mais les détracteurs des programmes pour les minorités. Ce qui remet en question toute la dite libérale.

Catherine Pouzoulet (Université Charles de Gaulle - Lille III).