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Dieter Timpe, Romano-Germanica. Gesammelte Studien zur Germania des Tacitus

[compte-rendu]

Année 1997 66 p. 455
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COMPTES RENDUS 455

Dieter TIMPE, Romano-Germanica. Gesammelte Studien zur Germania des Tacitus. Leipzig, Teubner, 1995. 1 vol. 15,5 χ 23,5 cm, 228 p.ISBN 3-519-07428-1.

Dieter Timpe peut être considéré comme le spécialiste de la Germania de Tacite. Π a collaboré très activement à l'édition et à la parution de deux volumes intitulés Beiträge zum Verständnis der Germania des Tacitus et publiés par l'Académie des Sciences de Göttingen. L'auteur nous présente aujourd'hui un nouvel ouvrage, toujours consacré à la même œuvre de l'historien latin et riche de six articles parus dans diverses revues de 1979 à 1993. Ce sont autant d'études qui nous livrent les interprétations faites successivement par l'auteur du mythe soi-disant fondateur de la race germanique, du sens donné au mot Germania, de la source historico-religieuse que constitue l'écrit de Tacite, du caractère politique que celui-ci attribue aux Germains, de l'organisation agraire existant chez ces derniers selon les rapports de César et de Tacite, enfin du lien qu'on peut établir entre les fata imperil et les Germains. Constatons d'abord que D. Timpe ne partage pas du tout l'admiration et la confiance naïves qu'accordait à la Germania l'école romantique allemande des XVIIIe et XIXe siècles représentée par J. Herder et J. Grimm. Tout en soulignant l'intérêt et la valeur des renseignements fournis par Tacite sur les Germains, il soumet le texte de l'historien à une critique sévère et à une rigoureuse analyse scientifique. Il essaie de mettre en évidence ce que Tacite a sûrement voulu communiquer à son public. C'est ainsi que la généalogie à partir du dieu Tuisto, de son fils Mannus et des trois enfants de ce dernier (Ger., II, 3) est un mythe ethnogonique qu'il faut comparer à des parallèles proches ou lointains dans l'espace et dans le temps. Bien loin de nous offrir le roc primitif de la conscience d'un peuple, c'est le noyau même de la tradition mythique, c'est-à-dire l'ethnogonie des tribus germaniques que seul Tacite tient à désigner comme produit de la pensée germanique, qui fait problème. Toutes les considérations émises à ce sujet ne mènent positivement pas loin et ne permettent pas de fixer un milieu concret (Sitz im Leben) pour le mythe en question. Si nous interrogeons ensuite D. Timpe sur la qualité à réserver à la Germania en tant que source d'histoire religieuse, il nous répond qu'une vue d'ensemble sur le matériel contenu dans l'ouvrage confirme que la Germania ne voit pas dans la religion un domaine digne d'étude et ne la traite pas comme tel. Fidèle à la méthode pratiquée par l'histoire traditionnelle, elle signale comme accessibles à l'observation des secteurs particuliers de la réalité ethnographique, parmi lesquels figurent le culte, le sacrifice, la magie et autres formes extérieures de la religion, qui trouvent ainsi leur place dans la description de la vie sociale. Quant à la fameuse phrase de Tacite : quando urgentibus imperii fatis nihil iam praestare fortuna maius potest quam hostium discordiam (Ger., ΧΧΧΙΠ, 3), elle pose une énigme qu'on a souvent discutée et tenté de résoudre dans un sens soit optimiste, soit pessimiste en ce qui concerne le destin de Rome. D. Timpe, après avoir bien situé le passage dans son contexte, soutient que Tacite exprime ici sa conception de la politique extérieure de l'Empire vis-à-vis de ses ennemis, en l'occurrence les Germains. Elle consiste selon l'historien latin non dans un accroissement de la puissance impériale grâce à la victoire sur des États étrangers, mais dans un processus d'existence qui, par la collaboration indispensable de l'initiative personnelle avec l'activité féconde de la collectivité, gouverne l'État en recourant à la tradition reçue des ancêtres (mos maiorum) et à un pouvoir souverain garantissant la paix. Jules WANKENNE