Rapports sur les conférences 293

MÉTHODES EN HISTOIRE DU MONDE PORTUGAIS

Maître de conférences : Mme Dejanira SILVA-COUTO

Programme de l'année 2000-2001 : 1. Les négociations diplomatiques entre le Portugal et l'Empire ottoman au xvf siècle, les 2e et 4e lundis de 14 h à 16 h. — IL Le Portugal et les guerres coloniales, les 2e et 4e vendredis de 11 h à 13 h.

I. Les négociations diplomatiques entre le Portugal et l'Empire ottoman au XVIe siècle

Aussi bien au Portugal qu'à l'étranger, les synthèses récentes sur l'histoire internationale de la Renaissance n'accordent pas assez d'importance à la politique externe de Jean III (1521-1557). L'éclat du règne de son prédécesseur, Emmanuel Ier le Ventureux, le souverain des grandes Découvertes (1495-1521), a occulté celui de Jean III, héritier d'un royaume frappé par les disettes, miné par une crise sociale que l'Expansion et l'introduction du tribunal du Saint- Office en 1536 n'ont fait qu'aggraver. Pourtant, contrairement à un cliché encore répandu, YEstado da India s'est maintenu prospère jusque dans la première moitié du xvne siècle, et Jean III, en dépit de ses indécisions et de ses revirements, mena une politique active aussi bien en direction des Habs- bourgs et de la France, que de la Papauté et de l'Empire ottoman.

C'est dans le but d'apporter de nouveaux matériaux sur la politique externe du règne, que nous nous sommes attachés cette année à l'activité de la chancellerie de Jean III, en privilégiant les contacts diplomatiques avec la Papauté et avec la Porte. Il s'agissait d'étudier comment le roi, pris dans l'écheveau de ses relations familiales avec Charles V, son beau-frère, face au refus de Rome d'instituer l'Inquisition au Portugal, menacé par les Turcs dans l'océan Indien, avait finalement eu gain de cause dans l'affaire du Saint-Office, et réussit à préserver l'Inde portugaise, en bénéficiant à la fois de l'absence de projet politique des Ottomans concernant le sous-continent, et de leur engagement dans les Balkans, en Perse et en Iraq.

Les démarches qui ont conduit à l'implantation de l'Inquisition ont commencé en avril 1531, avec la requête effectuée à Rome par le légat Bras Neto. Inscrites dans la politique (qui remontait à Jean II), de rapports privilégiés entre le Portugal et la Papauté, elles ont néanmoins souffert de la situation de guerre qui s'est engagée dès 1528 entre Charles V, la France et l'Angleterre, puisque aussi bien l'Empereur que François Ier ont essayé d'attirer le Portugal dans leur camp. Quant à la question turque, elle a pesé négativement dans les relations du Portugal avec ses partenaires. Jean III n'a pas donné suite à la proposition de D. Manuel, faite en 1505, de mettre 15 000 hommes à la disposition des puissances chrétiennes pour lutter contre l'Infidèle, au moment où Suleyman le Magnifique avançait jusqu'à Graz, s'emparait des forteresses de la Hongrie méridionale et annexait, à l'Est, Erzurum et la région du lac de Van.