Couverture collection

Châteaux-forts d’Alsace. Histoire, archéologie, architecture, 6, Saverne, Société d’Histoire et d’Archéologie de Saverne et environs et Centre de recherches archéologiques médiévales de Saverne (CRAMS), 2004, 104 p.

[compte-rendu]

Année 2008 166-4 p. 360
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Bibliographie

Châteaux-forts d’Alsace. Histoire, archéologie, architecture, 6, Saverne, Société d’Histoire et d’Archéologie de Saverne et environs et Centre de recherches archéologiques médiévales de Saverne (CRAMS), 2004, 29 cm, 104 p., fig. en coul. -ISSN : 1281-8526, 15 €.

La sixième livraison de cette publication remarquable qui s’inscrit dans le cadre d’un projet de rénovation du Musée Archéologique et de mise en valeur du patrimoine castral de Saverne et à plus large échelle du Bas-Rhin proposé par le CRAMS, des représentants des municipalités concernées, des membres de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Saverne et Environs et plusieurs spécialistes des périodes antique et médiévale. J.-M. Rudrauf (Le château de Windeck (Dambach). Étude du site et bilan d’une intervention archéologique) ouvre par une présentation complète d’un château-barre à la situation topographique exceptionnelle, composé d’un baschâteau accessible par deux entrées opposées et d’un logis seigneurial dont subsiste le mur nord de plan turriforme, au sommet d’une étroite plateforme rocheuse. Son occupation a été datée du XIIIe au XVIe siècle par le mobilier archéologique mis à jour lors de sondages réalisés en 1991 et 1992. Un texte détaillé couplé à une riche documentation graphique permettent à l’auteur d’attirer l’attention sur un monument méconnu et sur son mauvais état de conservation. B. Schnitzler (La Pflaz de Haguenau et les projets de Gottfried Schlag : des fouilles archéologiques inédites réalisées en 1941) aborde avec justesse la question de l’identité des sites archéologiques de l’Alsace durant la Deuxième Guerre Mondiale avec l’exemple de la Pflaz de Haguenau, château fort de l’île de la Moder, transformé sous Frédéric Barberousse puis sous Frédéric II à la fin du XIIe siècle et doté d’une chapelle et un palais. Le site, ruiné et rasé à la fin du XVIIe siècle, n’est plus conservé aujourd’hui. Gottfried Schlag, spécialiste des Kaiserpfalzen, s’y intéressa en 1940 dans le cadre de la valorisation des monuments liés à l’histoire allemande et de la légitimation de l’annexion forcée de l’Alsace au Reich. Après avoir rédigé un rapport archéologique incluant un programme de fouilles et un projet de restauration, il effectua

plusieurs sondages préliminaires entre juillet et octobre 1941, mais le projet fut arrêté du fait de la défaite du IIIe Reich. À l’instar de J.-M. Rudrauf, J. Koch (Le donjon du château de Spesburg. Nouvelles observations à l’occasion de récents travaux de restauration)

s’intéresse également à un monument d’exception, l’imposante tour-beffroi du château de Spesburg, restaurée en 1999. L’étude architecturale réalisée alors, couplée à l’observation des sources textuelles et graphiques des XVIIIe et XIXe siècles, a révélé certains détails comme les quatre niveaux intérieurs, l’existence d’un mur-bouclier dès la construction de la tour, l’absence de traces d’ancrage d’échafaudage, la vocation carcérale du niveau inférieur et défensive de la terrasse et une construction réalisée vraisemblablement durant la seconde moitié du XIIIe siècle. R. Kill et B. Haegel (Découvertes archéologiques sur le rocher nord du château du Haut-Barr) soulignent l’intérêt des fouilles archéologiques sur les sites fortifiés à travers l’exemple de celles réalisées de 1993 à 1995 sur le rocher nord du château du Haut-Barr et qui ont révélé une tour de plan carré. La tour n’a livré aucune couche d’occupation mais était recouverte par une couche de destruction contenant du mobilier céramique du XVIe siècle ainsi que deux bulles papales en plomb du XIIIe et du XIVe

siècle. Parallèlement, les vestiges d’une citerne à filtration ont également été dégagés avec du mobilier archéologique du XVIe siècle. J.-M. Rudrauf (Les châteaux forts ignorés de l’Alsace : L’Oberlinger (Kastelberg) au-dessus de Guebwiller) propose à nouveau la découverte d’un site fortifié original et identifié à tort comme un camp romain au XIXe siècle, le promontoire de l’Unterlinger où sont visibles les vestiges d’une fortification défendue par quatre fossés et circonvallations successifs. Les vestiges d’un donjon carré placé au centre du front d’attaque sont observables, ainsi que ceux de l’enceinte. L’étendue du site et la présence de blocs à bossage suggèrent une édification durant le XIIe siècle. Comme pour le château de Windeck, l’auteur lance un appel pressant à la protection du site, menacé par les pillages et qui mériterait d’être étudié archéologiquement et aménagé touristiquement. Enfin, M. Heissler (Châteaux forts et bénévolat : quelques initiatives récentes) conclut judicieusement en soulignant l’intérêt du programme des «veilleurs de châteaux forts» mis en oeuvre en 2002 dans le Bas-Rhin. Ce programme inclut des interventions de débroussaillage et d’entretien et des opérations légères pour stabiliser, colmater des brèches ou rétablir un sentier. Les châteaux de Kagenfels à Ottrott, de Ramstein à Scherwiller, de Schoeneck à Dambach en ont ainsi bénéficié. Cette initiative bienvenue pour la sauvegarde du patrimoine

castral du Bas-Rhin mériterait d’être développée et exportée dans d’autres régions. Ces six articles d’une solide qualité scientifique, présentés avec l’élégance coutumière à cette publication, abondamment illustrés, sont enrichis de notes ainsi que d’une bibliographie clôturant la majorité des articles. On pourrait juste regretter l’absence d’un carte régionale localisant les sites mentionnés ainsi que le faible nombre de contributions mais elles apportent toutes un éclairage novateur sur le patrimoine castral d’une région peu connue et ouvrent la voie à des publications plus denses. Par la mise en lumière archéologique et architecturale de sites peu connus du patrimoine castral alsacien, par l’appel salutaire à la protection, à l’entretien et à la promotion culturelle et touristique de ces châteaux, Les châteaux forts d’Alsace qui paraît régulièrement •la 8e livraison est sortie •enrichit la dynamique de valorisation du patrimoine militaire de l’Alsace médiévale initiée en 1995 par Thomas et Bernhard Metz avec leur somme Die Burgen des Elsass. Architektur und Geschichte, dont la publication est toujours en cours (J. Mesqui, Bull. mon., 1995-4, p. 390-392 et Bull. mon., 2007-4, p. 400). Benjamin Michaudel