Couverture fascicule

P.N. Owens et O. Slaymaker (eds.) - Mountain Geomorphology

[compte-rendu]

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Géomorphologie : relief, processus, environnement, 2004, n° 4, p. 321 -324

Comptes rendus d'ouvrages

P.N. Owens et O. Slaymaker (eds.),

Mountain Geomorphology,

Arnold, 2004, 313 p.

Cet ouvrage vient à point nommé pour présenter une synthèse actualisée des différents aspects de la géomorphologie des montagnes. La traduction du titre est délicate en français et révèle d'emblée l'ambiguïté du propos : s'agit-il d'aborder une géomorphologie thématique ou de couvrir le champ des différents types de montagnes à travers le globe ? Les co-directeurs P. Owens et O. Slaymaker s'en expliquent en introduction (Ie partie, chapitre 1), par une mise au point fort utile sur les critères utilisés pour définir ce qu'est une montagne et quels en sont les différents types géomorphologiques. Il en ressort que le contexte tectonique joue un rôle fondamental, expliquant sans doute que l'essentiel des contributions de l'ouvrage porte sur des exemples de montagnes jeunes ou actives d'un point de vue géodynamique, laissant peu de place aux autres types de systèmes montagneux. Le livre s'organise en trois parties centrales, géomorphologie historique, géomorphologie fonctionnelle, géomorphologie appliquée, selon un découpage inspiré de R. J. Chorley (1978) ; le contenu de ces parties est brièvement présenté, ainsi que celui de la cinquième et dernière partie consacré aux interactions homme-montagne étudiées dans un contexte de changement climatique.

L'approche historique de la géomorphologie des montagnes (2e partie) repose très fortement sur les apports des sciences de la Terre. Trois chapitres assez différents en constituent la matière. "L'évolution cénozoïque des grands systèmes montagneux à l'échelle du globe" (chap. 2, par L. A. Owen) pourrait figurer dans n'importe quel manuel de géologie. Très bien documenté, ce chapitre s'attache davantage à montrer les structures et les différentes étapes de la formation des chaînes de type "alpin" et "circumpaci- fique" que les formes aux échelles régionale et méso-régionale (toute référence à la notion de bassin intramontagnard ou à la mise en place du réseau hydrographique en est absente, par exemple). Néanmoins, ce chapitre bref et percutant corrigera très avantageusement, pour le lecteur français, ce qui a été écrit sur ces aspects dans nombre de récents manuels français consacrés à la géographie des montagnes.

"L'évolution des montagnes des marges continentales passives" (chap. 3, par С Oilier) est la seule contribution consacrée à ce contexte géodynamique cher à l'école française de géomorphologie. L'auteur suit une approche géomorphologique classique, avec une définition des formes caractéristiques (symétrie des continents, dissymétrie des marges, vallées en rift, omniprésence des grands escarpements) et les moyens de les dater. Après une présentation rapide (parfois trop, cf. le Brésil) de toutes les montagnes des marges continentales du globe, l'auteur insiste sur les relations entre les formes décrites, la tectonique, l'évolution géomorphologique, notamment celle du réseau hydrographique, le tout étant illustré par quelques blocs diagrammes didactiques. Cette première partie se clôt sur une étude de cas consacrée à "L'évolution des montagnes de Nouvelle- Zélande" (chap. 5, par P. W. Williams). Ces chaînes, créées en réponse à deux zones de subduction de polarité opposée, ne présentent pas tout à fait les mêmes caractères (111e du Nord est volcanique, celle du Sud est très influencée dans sa structure par la Faille Alpine de décrochement dextre), mais elles ont en commun d'être très récentes, émergées depuis quelques millions d'années seulement, et d'avoir été abondamment englacées.

teur met l'accent sur la surrection des reliefs dans un contexte où les taux de soulèvement du substrat sont supérieurs aux taux de denudation (hélas, les figures sont parfois à peine lisibles) ; il montre que ces taux peuvent varier rapidement d'un secteur à l'autre, en particulier dans les Alpes du Sud, dont il présente une étude précise qui fait transition avec la troisième partie de l'ouvrage. On regrettera que cette partie consacrée à l'approche historique fasse complètement l'impasse sur les relations entre tectonique et sédimentation (pour une synthèse, voir l'ouvrage de D.W. Burbank et R.S. Anderson, 2001). C'est en effet souvent grâce à l'étude sédimentologique et tectonique des dépôts piégés dans les bassins intramontagnards ou d'avant chaîne que l'on peut reconstituer les différentes étapes de structuration et évaluer les rythmes de surrection des reliefs.

Consacrée à la géomorphologie fonctionnelle des montagnes, la troisième partie comprend quatre chapitres, dont deux consacrés à des études de cas. Dans le chapitre 5 "Processus, taux et modalités d'érosion des chaînes de montagnes", N. Hovius, D. Lague et S. Dadson brossent en quelques pages une synthèse brillante des apports les plus récents à la géomorphologie des montagnes. L'approche est systémique, intégrée, incluant les changements d'échelle, posant les "bonnes" questions, à la base même de la réflexion géomorphologique (l'érosion des lits fluviaux rocheux, le couplage entre versants et talwegs, les budgets sédimentaires et les rythmes de l'érosion...). Ce texte est dense et puissant, montrant la géomorphologie actuelle comme une science en pleine évolution, où approches géographiques et géologiques, loin de s'ignorer, se complètent parfaitement. La modernisation de la discipline, aidée par les développements géomatiques, permet désormais de répondre aux questions laissées jusqu'alors en suspens (par exemple la modélisation des réponses géomorphologiques aux changements de rythmes de surrection, aux variations de climat...). En fait, la matière de ce chapitre, tout comme celle du suivant, déborde du simple cadre montagnard, ces deux textes intégrant dans leur réflexion l'ensemble des processus agissant à l'échelle des continents.

Dans le chapitre 6 "Denudation mécanique et chimique des systèmes montagneux", N. Caine s'appuie sur les travaux bien connus de J.D. Milli- man et J.P.M. Syvitski (1992), et en offre une mise à jour très documentée, d'où il ressort que si les régions de montagne ont bien évidemment des taux de denudation très élevés par rapport au reste du globe, la part de la denudation géochimique y est plus importante que ce que l'on pensait initialement. D'une façon plus générale, les taux de denudation sont d'autant plus élevés que les montagnes sont couvertes de glaciers à base tempérée et qu'elles font partie de systèmes tectoniques très actifs. En revanche, la part de l'anthropisation reste très marginale dans ces bilans et le rôle du climat demande encore à être clairement identifié. Toutes ces incertitudes, ainsi que d'autres (identification précise des zones sources de sédiments, passage des taux observés actuels aux taux à l'échelle géologique, etc.), sont bien soulignées en conclusion.

Suit une première étude de cas (Chap. 7, par Y. Onda), consacrée à Г "Hydrologie et mouvements de masse des versants des Alpes Japonaises". L'étude porte sur la comparaison de bassins versants à substrats contrastés, les uns granitiques et les autres schisteux. Y. Onda montre comment, dans un contexte tectonique très actif, les taux de denudation sont très élevés et comment, du fait de la minceur du régolite, c'est la nature du substrat qui détermine le cheminement de l'eau en surface et en subsurface, ainsi que le type de mouvements de masse, la densité et la fréquence du drainage. Une deuxième étude de cas porte sur un tout autre sujet : "Les crues de rupture de lacs glaciaires dans les environnements montagneux", communément appelées GLOF (chap. 8, par H. Bjôrnsson). Après avoir passé en revue les différents types de situations possibles, les conditions dans lesquelles la formation des retenues lacustres se produit, les mécanismes et les caracté-

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