REVUE INTERNATIONALE

DB

L’ENSEIGNEMENT

LETTRE DE SUISSE

Voici une longue lettre. Son excuse est de venir après un plus long silence. Ce n’était pas qu’il ne se fit rien chez nous. Qui croi¬ rait chose pareille ? Mais ce que nous faisons, nous ne le faisons pas très vite, étant d'humeur prudente et peu enclins à courir des aven¬ tures. Et quand nous l’avons fait, nous n'en parlons guère, nous attendons les résultats. Quand les résultats sont constatés, ce qui était nouveau en son temps est devenu déjà de l’histoire ancienne. Que de raisons de se taire ! Mais si je les déduisais toutes, j’en trou¬ verais tant et de si bonnes que j’en ferais moi-même l’application et m’en tiendrais là sans les énoncer.

Pour une fois, cependant, la cause ordinaire de mon silence ces¬ sera de m’embarrasser. Il s’est fait quelque chose, quelque chose se fait et quelque chose se prépare dans notre heureux pays. Et par une fortune qui nous comble, nous possédons enfin un moyen com¬ mode d’information ; nous allons être renseignés sur ce qui se passe chez nous. Nous aurons désormais, en langue française, un Annuaire suisse de l'Instruction publique. Le recueil de 1910, le premier, a paru au commencement de cette année. Tout présage à cette publi¬ cation un succès d’intérêt, d’estime et de sympathie. Ce sera une édition française de Y Annuaire suisse que M. le Dr liuber, chancelier de l’Etat de Zurich, publie depuis 1891. Il n’y avait qu’une dizaine d’années — ce n’est guère ■ — qu'on agitait de ce côté-ci de l’Aar l’idée de l’adapter aux besoins de la Suisse française. Non, ce n’est guère, pour qui connaît le chemin qu’une idée doit faire avant d’aboutir, quand elle suit la voie dite normale.

Car la voie normale est une voie lente et sûre. Elle s’élève par des lacets et des spirales, comme il convient en pays de montagnes. N’est-il pas intéressant quand l’occasion s’en présente, de voir com¬ ment une idée apparaît, circule, mûrit? Le projet d’une édition française de Y Annuaire suisse fut émis parun conseiller d’Etat du Tes¬ sin, repris par un conseiller u’Elat Eribourgeois, approuvé par le

BEVUE DE L’ENSEIGNEMENT. — LXI.

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