Couverture fascicule

Introduction

[liminaire]

Année 1983 42 pp. 3-8
Fait partie d'un numéro thématique : Décadence
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INTRODUCTION

Dans ses Essais de psychologie contemporaine, Paul Bourget définit les deux aspects non pas antinomiques, mais complémentaires, de la « décadence », qu'abordent les articles contenus dans ce numéro. Vue par les sociologues et les historiens, la décadence est une décomposition de l'organisme social. Elle caractérise la fin d'une civilisation. Elle est donc ressentie et jugée comme un mal. L'impression de vivre une décadence n'est pas née en France après la défaite de 1870 ;mais c'est son point d'impact qui a changé. A plusieurs reprises au cours du XIXème siècle, les intellectuels se sentirent enfermés dans un ghetto, en marge d'une civilisation d'argent, de plaisir et d'affaires qui les ignorait ou les reniait. Quand Gérard de Nerval, au début de Sylvie, évoque les années 1835, il les compare à « l'époque de Peregrinus et d'Apulée », et proclame que les rêves de ses compagnons étaient « renouvelés d'Alexandrie ». On trouve dans ses pages le motif, tant développé à la fin du siècle, de l'âge de transition, où meurt une élite isolée qui craint et appelle à la fois les Barbares. Les esprits, écrit Nerval, sont « tels qu'il s'en est trouvé toujours dans les époques de rénovation ou de décadence ». Dans les réunions « les discussions se haussaient à ce point, que les plus timides d'entre nous allaient voir parfois aux fenêtres si les Huns, les Turcomans ou les Cosaques n'arrivaient pas enfin pour couper court à ces arguments de rhéteurs et de sophistes ». Chez Théophile Gautier, compagnon de Nerval, on pourrait bien évidemment trouver une théorie très proche. Elle se généralise sous le Second Empire, mais elle prend alors des tonalités très diverses. Tantôt la décadence est attribuée à l'influence du régime impérial, dont on dénonce l'autoritarisme, les mœurs dissolues, la vénalité : ainsi, elle peut n'être que momentanée. Un changement de régime y remédiera. Tantôt la décadence est diagnostiquée comme une maladie de la civilisation elle-même, et dans ce cas elle ne saurait se guérir : elle est l'annonce d'une sénescence. On ne voit pas comment Frédéric Moreau pourrait échapper à ce que Barrés appelle « l'admirable et précieuse tristesse de L'Education Sentimentale ». Opposons-lui les héros jeunes que Jules Vallès met en scène : le Bachelier Géant ou Pierre Moras, conçus sous le Second Empire, sont enfermés dans une impasse, acculés au suicide. Mais le héros de la trilogie de Jacques Vingtras, qui fut cependant aux deux tiers écrite dans les difficultés de l'exil, a retrouvé courage. Ce bachelier sans place, cet insurgé vaincu, n'en croit pas moins en la possibilité d'une société régénérée.

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